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19 décembre 2013

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Texte 1 sur 163

1.3.2. Quatre principes directeurs pour notre stratégie militaire
et l’adaptation de nos capacités
Afin de donner aux forces armées les moyens d’assurer ces trois missions fondamentales dans leur nouveau
contexte, un nouveau modèle d’armée a été défini dans le Livre blanc de 2013. Il repose sur quatre principes
directeurs, dont la combinaison dessine une stratégie militaire renouvelée.
Le maintien de notre autonomie stratégique
Ce principe vise à garantir à la France une liberté permanente d’appréciation de situation, de décision et
d’action, ainsi qu’à préserver sa capacité d’initiative dans des opérations que lui dictent la défense de ses
intérêts et la prise de responsabilité liée à ses engagements internationaux. L’autonomie stratégique doit
également permettre à la France, lorsqu’elle décide de s’engager en coalition, d’y jouer un rôle conforme à ses
objectifs politiques.
Les moyens autorisant ou commandant l’autonomie d’appréciation, de planification et de commandement
seront donc conservés ou développés. De même, certaines capacités militaires critiques seront privilégiées, en
particulier celles qui conditionnent la défense de nos intérêts vitaux ; celles qui sont nécessaires à la prise
d’initiative dans des opérations simples et probables ; celles qui permettent de disposer des moyens nécessaires
pour exercer en pleine souveraineté le rôle souhaité dans une coalition. Ainsi les capacités de commandement
interarmées, de renseignement, de ciblage, de frappes de précision dans la profondeur, les forces spéciales et
certains moyens de combat au contact de l’adversaire feront l’objet d’un effort particulier. Il en est de même de
celles qui sont liées à la capacité de fédérer et d’entraîner des partenaires au sein d’une coalition tout en
conservant notre indépendance d’appréciation : capacité autonome à « entrer en premier » sur un théâtre dans
les trois milieux, terrestre, naval et aérien, capacité de commandement dans une opération interalliée.
La cohérence du modèle d’armée avec les missions
dans lesquelles la France est susceptible d’engager ses forces armées
Les forces armées doivent pouvoir agir sur tout le spectre des conflits potentiels où la France risque d’être
engagée et répondre à la diversité des situations de crise identifiées dans le Livre blanc. Le modèle défini dans
le Livre blanc de 2013 leur permettra de répondre aux menaces d’emploi de la force exercées par des Etats, de
conduire dans la durée des opérations de gestion de crises de tous types visant à faire cesser les situations de
violence, de faire respecter le droit, de participer aux côtés de nos partenaires, en particulier européens, à la
protection de nos intérêts communs de sécurité face aux risques amplifiés par la mondialisation.
Le principe de différenciation des forces en fonction
des missions qu’elles sont appelées à remplir
La différenciation des forces repose sur le constat de la variété des missions et l’analyse de leurs spécificités
militaires. Elle consiste à distinguer les forces en fonction de ces spécificités : mise en œuvre de la dissuasion
nucléaire, protection du territoire et des Français, opérations de coercition et de guerre, gestion de crises sous
les formes très diverses qu’elles revêtent aujourd’hui, ces engagements appellent des moyens et des stratégies
différents.
Il s’agit à la fois d’un principe d’efficience – entraîner et équiper nos unités et nos équipages en fonction des
spécificités de chaque mission – et d’un principe d’économie – ne financer les capacités les plus onéreuses que
pour les missions où elles sont indispensables.
En vertu de ce principe de différenciation et en cohérence avec les missions que les forces françaises
pourront être appelées à remplir, nos armées s’appuieront le plus longtemps possible sur les capacités
existantes, de façon à permettre la modernisation des équipements dans les secteurs clés où la supériorité
technologique est le facteur déterminant du succès. La situation financière du pays ne permettra pendant
quelques années qu’une modernisation progressive de certains équipements. Le choix des investissements doit
également permettre de sauvegarder tous les secteurs majeurs d’une industrie performante, où la recherche de la
compétitivité sera permanente. Cet ajustement du rythme de la modernisation dans les prochaines années sera
appliqué de manière différenciée en fonction des défis opérationnels que nos forces doivent pouvoir relever.
Sur terre, sur mer ou dans les airs, nos forces continueront de disposer des moyens du meilleur niveau leur
permettant de s’imposer face à un adversaire de qualité étatique ; la rénovation de certaines de nos capacités,
notamment des frégates légères furtives, des avions Mirage 2000 D, de certains appareils de transport aérien ou
des moyens blindés permettra par ailleurs de conserver des volumes de forces significatifs, adaptés aux
opérations de protection, de présence ou de gestion de crise dans la durée.
Le principe de mutualisation
Ce principe repose, par exception au principe de différenciation, sur la mutualisation des ensembles de
capacités rares et critiques conçues et engagées au bénéfice de plusieurs types de missions, selon les besoins et
le temps des engagements. Ces capacités militaires ou de sécurité peuvent être mutualisées au bénéfice de
différentes missions des armées (protection, dissuasion, intervention) ou entre plusieurs organismes de l’Etat
(pour les capacités techniques partagées entre services de renseignement) ou pour une mise en commun avec
nos partenaires européens.

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