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investissements les plus rentables de l’État. Il est l’une des fonctions fondamentales
de la sécurité nationale de tout État de droit et constitue une condition nécessaire à
la prospérité du pays »6 ? Les services sont donc des administrations reposant sur
des fonctionnaires, civils et militaires, ce qui, conformément aux principes
démocratiques, doit les conduire à être soumis à toutes les formes de contrôle
nécessaires pour préserver les libertés individuelles et collectives. Cette
appréhension du renseignement comme une politique publique explique aussi le
choix des termes.
En effet, pour la DPR, les services ne sont ni « spéciaux » ni « secrets ».
Certes la presse les qualifie souvent ainsi sans doute parce qu’ils perdent en
précision ce qu’ils gagnent en capacité à susciter immédiatement un certain
mystère7. Mais la DGSE ou la DGSI ne sont pas des institutions secrètes : les sites
internet de leurs ministères respectifs leur dédient des espaces, leurs directeurs
généraux publient parfois même des entrevues. De plus, comme on pourra le lire
plus loin, leurs missions, assurément elliptiques mais tout à fait réelles, sont
définies par des textes normatifs. Les services ne sont pas plus spéciaux, sauf peutêtre en raison d’un rattachement fonctionnel à l’autorité politique quelque peu
original en raison d’une architecture découlant de la dyarchie de l’exécutif que l’on
doit à la Constitution de la Ve République. En définitive, la DPR a, d’une part,
privilégié la notion de « services » pour affirmer clairement que ce sont des organes
qui « servent » l’État8 et, d’autre part, « de renseignement » afin d’expliciter leur
vocation : trouver ce qu’on veut leur cacher. Ou comme l’écrit l’un des auteurs de
référence sur ce sujet aux États-Unis : « conduire un processus par lequel des
informations spécifiques importantes pour la sécurité nationale sont demandées,
collectées, analysées et fournies9 ».
Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en 2013 en
faisait la première des priorités, la DPR lui consacre son chapitre 5 : les ressources
humaines. Les exigences inhérentes aux missions imposent que les services
puissent disposer en permanence d’un personnel souvent jeune et nécessairement
diplômé. Ces impératifs imposent un renouvellement important des effectifs
notamment contractuels, avec une priorité portée sur le recrutement de linguistes et
de scientifiques. Cela peut uniquement se concevoir grâce à un flux permanent et
maîtrisé de recrutements et de départs. Il est donc crucial d’imaginer une politique
de ressources humaines rénovée pour l’accompagnement social, humain et
économique des évolutions à venir.

6

Il a d’ailleurs réitéré cette affirmation dans sa tribune « Pour une politique du renseignement », Le Figaro,
6 mars 2008.
7
MM. Olivier Forcade et Sébastien Laurent, Secrets d’État. Pouvoirs et renseignement dans le monde
contemporain, Paris, Armand Colin, 2005, p. 7.
8
M. Sébastien-Yves Laurent, Atlas du renseignement. Géopolitique du pouvoir, Paris, Les Presses de
SciencesPo, 2014, p. 152.
9
M. Mark Lowenthal, Intelligence, from Secrets to Policy, Thousand Oaks, CQ Press, 2005.

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