entre des utilisateurs.
Source et destination réelle de la communication
La première difficulté est de comprendre la notion de communication. Au niveau le
plus haut, on doit forcément considérer que le courrier a pour origine l’utilisateur qui
l’écrit, et pour destination l’utilisateur à qui le courrier est adressé. Si l’on cherche alors
à définir la notion de communication émise ou reçue de l’étranger, on s’intéresse au lieu
où se trouve l’auteur du message quand il l’envoie, et au lieu où se trouve le destinataire
quand il le lit. Un courrier électronique échangé entre deux personnes qui sont en France
est alors considéré comme émis et reçu en France.
Stockage du message
Techniquement, ce message est en réalité transmis au serveur qui stocke la boîte aux
lettres du destinataire. Ainsi, si ce serveur est à l’étranger, bien que le destinataire soit en
France, le courrier électronique est sorti de France, pour aller être rangé dans la boîte du
destinataire, où il sera lu. On a alors deux demi-communications, si l’on peut dire, l’une
sortant de France, pour expédier le message, l’autre entrant en France pour consulter le
message. Du point de vue de l’utilisateur, le message est bien émis et reçu en France,
mais il est simplement stocké hors du territoire national, et pour ce faire le message a
été transmis hors de France. Il devient délicat de savoir sous lequel des quatre régimes
exposés précédemment il doit être considéré.
Transport du message
Si l’on descend un peu plus bas dans la méthode d’acheminement du message, il
est en réalité envoyé par l’outil de messagerie de l’expéditeur au serveur qui achemine
son courrier sortant 3 . Ce serveur d’acheminement transmettra le message au serveur de
réception de la plateforme de messagerie du destinataire, qui lui-même fera en sorte que
le message soit stocké dans la bonne boîte aux lettres.
Sur Internet, l’acheminement des communications suit un parcours qui n’est pas toujours aussi simple qu’il n’y paraît. Ainsi, le chemin le plus court de Strasbourg à Paris
peut tout à fait passer par les très gros nœuds d’interconnexion d’Amsterdam ou de
Francfort. Ainsi, si on suppose que le serveur d’acheminement de l’expéditeur est à Strasbourg, et que le serveur de réception du destinataire est à Paris, la communication entre
les deux serveurs pour acheminer le message peut tout à fait transiter à l’étranger. Dans
ce cas de figure, alors que l’ensemble des acteurs sont en France (expéditeur, destinataire,
plateforme de messagerie de l’expéditeur, plateforme de messagerie du destinataire), la
communication transite à l’étranger, et il est délicat de dire sous lequel des quatre régimes
se trouve le message lors de son acheminement.
Par la suite, la connexion entre l’ordinateur du destinataire et le serveur qui stocke
sa boîte aux lettres pose la même difficulté : une connexion de Grenoble à Paris peut
très raisonnablement transiter par le nœud d’interconnexion du CERN, à Genève 4 . La
communication devient alors « internationale » lors de la lecture du courrier, plutôt que
lors de son acheminement : il y a bien une communication entre l’outil de lecture et le
3. Le serveur dit SMTP dans la configuration du logiciel. En général celui de son fournisseur de
messagerie, que ce soit le serveur de l’entreprise, ou celui de son fournisseur d’accès, ou celui d’une
plateforme de messagerie comme Facebook, Hotmail ou Gmail.
4. Les nœuds d’interconnexion cités, Amsterdam, Francfort, Genève, sont en effet parmi les plus
importants d’Europe, avec ceux de Londres et de Paris.
71