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Le mouvement des Gilets Jaunes, commencé le 17 novembre 2018 et qui
s’est installé dans la durée, en est l’exemple le plus emblématique. L’absence
d’organisation structurée et d’interlocuteurs identifiés a représenté un défi pour les
services de renseignement en termes d’anticipation et de suivi de la contestation.
La période récente est également marquée par plusieurs phénomènes
concomitants :
– La résurgence de mouvements contestataires, qu’ils soient de l’ultra
gauche ou de l’ultra droite. L’ultra droite conteste la légitimité d’un État
en déficit d’autorité tandis que l’ultra gauche cherche à déstabiliser le
système avec un discours justifiant la violence et une dialectique
insurrectionnelle.
– L’apparition de mouvements radicaux, tels « Extinction Rébellion », qui
appellent à la désobéissance civile non violente en réponse à un État jugé
oppresseur ou a minima le complice de dérives sociétales.
– Le développement, à la faveur de la crise sanitaire, de mouvements
subversifs. Même marginaux, ces mouvements environnementalistes, antinucléaires, animalistes, féministes, ou liés aux phénomènes émergents du
masculinisme, du survivalisme, du complotisme peuvent ainsi accueillir
des individus radicaux susceptibles de basculer dans l’action violente.
Des contestations qui procèdent de l’importation de mouvements liés à des
problématiques extérieures au territoire national, à l’instar du mouvement
#metoo ou de celui des « Black Lives Matter » avec la spontanéité des
manifestations françaises dénonçant les circonstances du décès de George Floyd
survenu aux États-Unis. Cette importation de causes étrangères, capables de
mobiliser des publics parfois novices en matière de manifestations sur la voie
publique, représente un défi pour le renseignement territorial à la fois dans la
détection du fait générateur et dans l’évaluation des volumes de mobilisation.
L’interdiction par la préfecture de police de Paris d’une manifestation de soutien à
Gaza prévue le 15 mai 2021 a été ainsi justifiée par « un risque sérieux que les
affrontements entre Palestiniens et forces de l’ordre israéliennes ne se transportent
sur le territoire national », occasionnant « des troubles graves à l’ordre public ».
2. … qui concernent l’ensemble du territoire…

Caractérisé par son utilisation des réseaux sociaux, son horizontalité et sa
déconcentration, le mouvement des Gilets Jaunes a montré sa capacité de
mobilisation simultanée sur l’ensemble du territoire, tant en milieu urbain que dans
le monde rural qui se révèle être un théâtre à part entière de contestations.
Ainsi les ZAD – zones d’aménagement différé devenues « zones à
défendre » – expriment une nouvelle forme de contestation politique de la part de
ceux qui les occupent et qui revendiquent une quête de sens et pour certains un mode

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