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Enfin, le quatrième enjeu concerne l’utilisation des fichiers par les
services de renseignement (D).
A. L’IA PERMET DE FAIRE FACE À L’EXPLOSION DE LA QUANTITÉ DE
DONNÉES MAIS SON USAGE SUPPOSE LA DÉFINITION DE MODALITÉS
PARTICULIÈRES DE CONSERVATION DE CES DONNÉES À DES FINS DE
RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT

Le premier enjeu de portée technologique évoqué lors des auditions de la
mission d’information est celui de l’explosion de la quantité de données captées.
Cette effervescence quantitative s’explique aussi bien par le déploiement de
capteurs de plus en plus performants que par la démultiplication des objectifs à
surveiller, dans un contexte de numérisation croissante de la société.
Ce qu’il est convenu d’appeler l’intelligence artificielle devrait permettre
de relever ce défi et, ainsi, éviter aux services de renseignement d’être submergés
d’informations. Le développement de cet outil technologique par les services se
heurte néanmoins aux règles juridiques qui encadrent très strictement – et à très
juste titre, lorsqu’il s’agit de préserver les libertés et la vie privée des individus –
les modalités de conservation des données collectées.
1. Le recours à l’intelligence artificielle permet de relever le défi de
l’explosion de la quantité de données et offre une multiplicité d’usages
possibles

a. Une solution au problème de l’explosion de la quantité de données
Certains chefs de service de renseignement auditionnés par la mission
d’information ont souligné que l’un des principaux défis qui se présentaient à eux
pour l’avenir était l’exploitation des données, dont la quantité a explosé avec la
numérisation croissante. Les services doivent traiter, analyser et exploiter un
flux exponentiel de données provenant de capteurs toujours plus performants. Ils
doivent être capables de fournir la bonne information au bon moment en évitant de
« se noyer » dans le flot d’informations. Lors de son audition du 8 mars 2018
devant la commission de la Défense nationale et des forces armées, le
général Ferlet, directeur du renseignement militaire, avait déjà soulevé la question
et avait même évoqué un « tsunami de données ».
Les services de renseignement peuvent certes bénéficier d’un renfort en
ressources humaines pour assurer l’analyse et l’exploitation de données (1). Cela
représente d’ailleurs un défi de gestion de ces ressources humaines car le domaine
est très attractif dans le secteur privé – en particulier dans certaines spécialités
comme celles des interprétateurs image – et que compte tenu des niveaux de
rémunération proposés, le secteur public n’est pas toujours le plus compétitif. Pour
attirer des agents spécialisés en ce domaine, les services de renseignement
(1) Notamment dans le cadre de la loi de programmation militaire pour 2019-2025, s’agissant des services de
renseignement sous tutelle du ministère des armées.

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