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internationale, comme a pu en témoigner la couverture des incendies qui ont
ravagé la Sibérie et l’Amazonie au cours de l’été 2019.
En conclusion de la 12e Conférence annuelle sur la politique spatiale
européenne qui s’est tenue à Bruxelles les 21 et 22 janvier 2020, le
Commissaire européen Thierry Breton a prononcé un discours
particulièrement volontariste appelant les Européens à prendre leurs
responsabilités. Une politique spatiale ambitieuse est en effet indispensable
pour assurer l'autonomie stratégique et la sécurité de l'Europe, et à terme son
indépendance et sa souveraineté même.
L’ambition de l’Europe spatiale doit se décliner à plusieurs niveaux :
- garantir un budget suffisant : la Commission a proposé un
programme spatial européen de 16 milliards d’euros pour la période
2021-2027, soit une augmentation de près de 5 milliards d’euros par rapport
au précédent cadre financier pluriannuel ;
- assurer la continuité des programmes spatiaux existants et
prendre en compte les nouveaux enjeux, ce qui implique un effort important
en matière de recherche et d’innovation ;
- s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques, stratégiques,
industrielles et technologiques. Ceci suppose de faire tomber un certain
nombre de tabous qui concernent la dimension de défense et de sécurité des
programmes européens comme Galileo ou Copernicus. C’est également tout
l’enjeu de la mise au point d’un système européen de connaissance de la
situation spatiale (SSA) afin de ne plus dépendre des seules informations que
les Américains veulent bien nous transmettre. C’est enfin le développement
d’une approche innovante pour la commande publique en matière spatiale
autour d’une préférence européenne ;
- conserver un accès indépendant à l’espace, ce qui nécessite de
maintenir l’excellence européenne en matière de lanceurs.
Pour mener à bien ces objectifs, une nouvelle gouvernance
européenne est nécessaire qui prenne en compte la dimension stratégique et
de sécurité de la politique spatiale. Le nouveau règlement sur la politique
spatiale européenne permet d’organiser un système de gouvernance unifié et
simplifié.
Mais au-delà de ce qui est prévu par le règlement, et sans interférer
sur les compétences régaliennes des États membres, un réseau européen des
commandants de l’espaces créés dans plusieurs États pourrait utilement se
constituer, et donner corps, le moment venu, à un CDE européen doté de
capacités significatives d’opérations spatiales, qui permettrait à l’Union
européenne et à ses États membres de reprendre à leur charge et en pleine
souveraineté la sécurité de leur composante spatiale civile ou militaire.