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internationale est rude : en 2019, l’Europe a réalisé 9 lancements de satellites
via Arianespace, contre 34 pour la Chine, 27 pour les États-Unis et 22 pour la
Russie.
Indépendance
stratégique,
leadership
technologique,
positionnement géopolitique : le sujet de la coopération spatiale interroge sur
la finalité même du projet européen, au sens où il renvoie à une réflexion sur
la souveraineté, son périmètre et ses modalités d’exercice. En effet, plus la
politique spatiale devient un enjeu de souveraineté pour les États, plus la
coopération européenne revêt un caractère sensible. Rétrospectivement, la
politique spatiale européenne ne s’est jamais aussi bien portée que lorsque
les États membres considéraient soit que l’Europe était pour eux une façon
d’accéder à un domaine qu’ils n’avaient pas les moyens d’investir seuls, soit
qu’elle était un outil de déploiement et de rayonnement de leur souveraineté
nationale. Or le développement du « New Space », en démocratisant l’accès à
l’espace, a pour effet induit de renationaliser, au moins en partie, la politique
spatiale des États membres.
L’avenir de la coopération européenne est soumis à deux prérequis
que sont d’une part la confiance, et d’autre part l’ambition commune.
a) La confiance
Compte tenu de ses enjeux à la fois politique, militaire, économique
et industriel, l’espace constitue un milieu fédérateur propice à l’affirmation
d’une identité européenne de défense et de sécurité. Ainsi, au-delà du
renforcement de son autonomie stratégique nationale, la France a toujours
privilégié la coopération européenne dans le domaine spatial, en particulier
pour les systèmes d’observation optique. La première génération de satellites
HELIOS I a été conduite en coopération multilatérale avec l’Italie et
l’Espagne ; la deuxième génération HELIOS II l’a été dans le cadre d’une
coopération avec, outre l’Italie, trois autres pays que sont la Belgique,
l’Espagne et la Grèce. De même, la troisième génération de satellites, CSO,
est accessibles aux partenaires européens par des accords bilatéraux avec la
France.
L’accord de Schwerin de 2002 avait fixé une répartition /
spécialisation des rôles entre la France, l’Allemagne et l’Italie fondée sur
l’échange d’images d’observation spatiale radars (fournies par l’Allemagne
et l’Italie) et optiques (fournie par la France). Un équilibre reposant sur une
dépendance mutuelle s’était instauré que le gouvernement allemand vient
toutefois de rompre unilatéralement en autorisant le BND à développer un
système autonome d’imagerie optique. Il en résulte une asymétrie francoallemande, dès lors que la France se trouve de facto dans une situation de
dépendance à l’égard de son partenaire allemand, s’agissant de l’imagerie
radar.
Force est de constater qu’un climat de défiance est en train de
s’installer au cœur même du couple franco-allemand s’agissant de la