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exploitation. Cela confère à notre pays une posture politique d’interlocuteur
face aux grandes puissances spatiales.
Notre industrie spatiale se caractérise par un écosystème dual qui
représente un atout majeur pour la France. L’espace a en effet d’abord été
exploité à des fins militaires avant que ne s’ouvrent des perspectives
commerciales, en particulier avec le marché des télécommunications. C’est
vrai autant pour la fabrication des satellites pour que les activités de
lancement.
Les investissements et la commande publique dans les domaines de
la défense et de la sécurité ont rendu possibles les succès commerciaux qui
font d’Airbus Space & Defense, de Thales Alenia Space et d’Ariane Group
des leaders sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel, grâce à
l’écosystème de chercheurs et de fournisseurs qui s’est construit autour
d’eux.
Le secteur spatial représente aujourd’hui en France près de 16 000
emplois directs et y a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires consolidé de
4,6 milliards d’euros. Ce modèle très performant permet à l’industrie spatiale
française de présenter cette particularité unique au monde qui est de réaliser
près de 60 % de son chiffre d’affaires sur le seul secteur commercial, alors
que ses concurrents sont partout ailleurs majoritairement financés par les
États pour répondre à leurs besoins institutionnels, en particulier dans les
domaines de la défense et de la sécurité.
La composante « renseignement » est un moteur du développement
de notre industrie spatiale dont la vitalité est elle-même essentielle à notre
souveraineté. Airbus et Thales ont sans aucun doute permis à la France de se
donner les moyens de son autonomie dans l’optique et dans l’écoute.
L’industrie spatiale doit être protégée car elle n’est pas tout à fait
une industrie comme les autres. Les conséquences économiques de la crise
sanitaire liée au Coronavirus vont fragiliser toute une filière qui doit
absolument être accompagnée par les pouvoirs publics. L’effectivité de notre
souveraineté dépend en effet de la capacité de nos industriels à développer
les outils et les technologies indispensables à notre protection. Nos satellites
d’observation sont vulnérables, qu’il s’agisse de la structure même du
satellite ou des stations au sol pouvant être la cible de virus et logiciels
malveillants. On peut également citer le brouillage électronique des
satellites, leur aveuglement au laser, voire leur désorbitation par un satellite
tiers, ou leur prise de contrôle à distance par des forces ennemies. Pour
identifier et cartographier ces menaces dans l’espace, Airbus a par exemple
conduit un groupe de travail spécifique sur ces sujets et mené, en partenariat
avec la FRS, un exercice sous la forme d’un « jeu de guerre de l’espace » pour
simuler un certain nombre de situations ; convaincue qu’un jour se produira
un « Pearl Harbour » numérique, et qu’il s’agira d’être en capacité d’y faire
face.

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