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Les QER accueillent les détenus pendant une durée de dix-sept
semaines au cours desquelles ils sont évalués par des éducateurs, des
psychologues, des référents religieux et des personnels de surveillance. Le
but est d’évaluer le niveau d’honnêteté du détenu et sa potentielle capacité
de dissimulation, la taqiya étant une pratique répandue chez les personnes
radicalisées. Viennent ensuite l’évaluation du niveau de dangerosité, la
probabilité de passage à un acte violent, puis le niveau de prosélytisme.
• Des modalités de détention différenciées selon le niveau de dangerosité
Il s’agit pour l’administration pénitentiaire, à l’issue de cette période
d’évaluation, d’être en mesure de décider en connaissance de cause des
modalités de la prise en charge future des détenus. Trois options sont alors
possibles :
- la grande majorité des détenus passés par un QER, environ 75 %,
sont placés en détention dite ordinaire car leur imprégnation idéologique est
considérée comme faible. Ils font l’objet d’un suivi spécifique par le
renseignement pénitentiaire et sont mis à l’écart du reste de la population
carcérale, dans des « quartiers étanches » dans l’un des 78 établissements
(sur 188) qui ont mis en œuvre des programmes de prévention de la
radicalisation violence (PPRV) ;
- le placement à l’isolement pour les détenus considérés comme les
plus dangereux, qui représentent environ 10 % des prisonniers évalués.
Ceux-ci entrent dans la catégorie des idéologues très violents, présentant un
risque d'agression physique et jugés incompatibles avec une prise en charge
collective en détention. Ils ne croisent que des personnels dédiés et
spécialement formés et ne sont jamais en contact avec d’autres détenus ;
- les détenus ne relevant d’aucune des deux catégories précédentes,
soit environ 15 % des prisonniers évalués, seront affectés dans un quartier de
prise en charge de la radicalisation (QPR). Il existe à ce jour 4 QPR à
Lille-Annœullin, Condé-sur-Sarthe, Aix-Luynes et à Paris au sein de la
prison de la Santé. Sont placés en QPR les détenus évalués appartenant à la
catégorie des idéologues prosélytes ou susceptibles d'être violents mais
accessibles à une prise en charge collective. En d’autres termes, les détenus
concernés doivent démontrer leur volonté de désengagement à l’égard de la
violence et du prosélytisme. Les QPR sont considérés comme une voie
médiane, une sorte de « sas » entre la détention ordinaire et le quartier
d’isolement. Les promenades y sont organisées en effectif réduit dans une
cour intérieure dédiée, à l’abri des regards des autres prisonniers. Les petits
groupes sont régulièrement renouvelés de manière à éviter la routine qui, en
détention, représente un danger pour la sécurité. L’affectation en QPR est
transitoire ; il ne s’agit pas en effet d’y effectuer la totalité de sa détention. La
durée de passage y varie de six à dix-huit mois, éventuellement
renouvelable, avant de réintégrer un régime de détention classique.