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exemplaire et qui sont susceptibles de passer à l’acte alors que rien ne laisse
le supposer.
Les spécificités de la scène carcérale, liées notamment à la gestion de
l’espace et du temps, permettent de se forger une idée plus précise des
contraintes qui pèsent sur le cycle du renseignement en milieu fermé, et qui
en font la singularité.
À première vue, s’il est un milieu qui se prête facilement au recueil
d’informations, c’est bien celui, fermé, des établissements pénitentiaires. En
prison, tout se sait et tout se voit ; les lieux sont clos et les individus sont
contraints. En application de l’article 727-1 du code de procédure pénale, les
détenus savent que leurs communications téléphoniques autorisées peuvent
être légalement écoutées – hormis celles avec leur avocat – sous le contrôle
du procureur de la République territorialement compétent.
Pourtant, même si cela peut sembler paradoxal, faire du
renseignement en milieu carcéral se révèle être une mission bien plus
complexe et souvent plus risquée qu’en milieu ouvert. La parfaite
connaissance des lieux que permet le milieu carcéral est à la fois un atout et
un inconvénient. En effet, toutes les personnes qui interviennent en milieu
fermé, à un titre ou à un autre, sont connues et leurs missions sont identifiées
et tracées. La totalité des espaces sont cartographiés ainsi que les flux de
circulation d’un endroit à un autre, selon des horaires préétablis ce qui
permet une prévisibilité complète des déplacements et des usages en milieu
fermé. *****. Dès lors, tout ce qui sort des schémas préétablis devient suspect,
d’autant que rares sont les personnels qui ont à en connaître.
1. La primauté du renseignement d’origine humaine
L’essentiel du renseignement pénitentiaire est d’origine humaine. En
prison, l’information est principalement recueillie par l’intermédiaire des
agents pénitentiaires, qui sont la source de renseignement la plus importante
parce qu’en contact permanent avec les détenus. Ce sont les premiers
témoins de ce qui peut attirer l’attention. La particularité du renseignement
pénitentiaire réside également dans le fait que le SNRP est chargé du
traitement de signalements pour tous les types d’intervenants en détention
(personnels pénitentiaires, aumôniers, intervenants socio-culturels,
personnels privés partenaires, etc.)..
Ce facteur humain est essentiel pour comprendre les rouages du
renseignement pénitentiaire. En effet, ce qui peut sembler anodin en milieu
ouvert est susceptible de devenir un levier pour obtenir des informations :
un changement de cellule, un transfert d’établissement, le droit de travailler,
etc.
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