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policiers. Ils bénéficient également du concours d’un psychologue clinicien,
chargé de prendre, en tant que de besoin, le relais des écoutants mais
également de suivre ceux-ci dans l’accomplissement de leurs missions. Si
l’appel permet de mettre en évidence des signes objectifs de radicalisation ou
d’une implication, potentielle ou avérée, dans une filière djihadiste, il fait
l’objet d’une fiche récapitulative systématiquement transmise à la Préfecture
du département de résidence de la personne ayant émis le signalement (le
signalant) et aux services de police compétents (DGSI et SCRT).
Le discernement de l’écoutant et sa capacité à déceler un véritable
processus de radicalisation constituent un élément important pour
distinguer la dérive radicale d’une conversion à l’islam qui ne serait pas
acceptée par l’entourage. Votre rapporteur tient à saluer le travail de ces
écoutants et le professionnalisme dont ils font preuve dans l’exercice
d’une tâche délicate, le risque de manipulation ou de dénonciation
calomnieuse ne pouvant pas, a priori, être écarté. À cet égard,
l’identification de signes objectifs de radicalisation est déterminante, les
écoutants du CNAPR ayant bénéficié d’une solide formation sur les
processus de radicalisation. Élément fondamental du dispositif, les
personnes qui contactent le numéro vert peuvent, si elles le souhaitent,
conserver leur anonymat.
En dehors des horaires d’ouverture de la plateforme, les appels sont
automatiquement dirigés vers le commissariat de police ou la brigade de
gendarmerie du ressort du signalant, au sein desquels policiers et gendarmes
recueillent les informations qui sont ensuite remontées vers le CNAPR. Il est
également possible de procéder à un signalement sur le site du Ministère de
l’intérieur1, les informations étant ensuite traitées par le CNAPR dans les
mêmes conditions que les appels téléphoniques.
D’après les informations fournies à votre rapporteur, à la date du
19 mars 2015, 1 671 signalements2 ont été traités par le CNAPR depuis sa
création, soit un total, après déductions des doublons, de 1 608 personnes
concernées par la radicalisation. Les écoutants traitent plus d’une centaine
d’appels par mois, exception faite des mois de juillet/août 2014. Le nombre
d’appels a connu une augmentation substantielle à la suite des attentats de
Paris en janvier 2015 et du lancement du site Internet dédié à la prévention
de la radicalisation3 avec 302 signalements en janvier, contre 151 en
décembre. Dans environ deux tiers des cas, le signalement provient de la
famille ; le tiers restant se répartissant entre des connaissances, l’employeur
ou des anonymes. Le profil des personnes signalées se caractérise par une
majorité d’hommes (60 %), trois quarts de personnes majeures et 55 % des
personnes qui se sont déclarées comme des converties. Enfin, 12,8 % des
http://www.interieur.gouv.fr/Dispositif-de-lutte-contre-les-filieres-djihadistes/Assistance-auxfamilles-et-prevention-de-la-radicalisation-violente/Votre-signalement
2 Téléphoniques, Internet et remontées d’informations des commissariats et brigades de gendarmerie.
3 www.stop-djihadisme.gouv.fr
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