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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
B. UNE RÉPONSE TARDIVE DES POUVOIRS PUBLICS…
Au cours des trente dernières années, bien souvent en réaction à des
attaques terroristes survenues sur son territoire, la France a renforcé son
arsenal antiterroriste, qu’il s’agisse, en matière répressive, de l’évolution de
sa législation pénale ou, dans le domaine de la détection et de la prévention,
de l’organisation de ses services de renseignement. Au cours des
dix dernières années, pas moins de six textes législatifs ont été examinés par
le Parlement afin d’étoffer, à titre principal ou accessoire, ce cadre pénal ou
pour donner aux services de police ou de renseignement des moyens
d’action plus efficaces contre le terrorisme. Plus récemment, l’organisation
des services de renseignement a fait l’objet de plusieurs réformes,
notamment en 2008 et 2014 avec la création de la DCRI et sa transformation
en DGSI.
La puissance d’attraction des organisations terroristes établies en
Syrie et en Irak, symbolisée notamment par la croissance exponentielle du
nombre de « combattants étrangers » de nationalité française présents sur les
théâtres d’opération, conjuguée à la rapidité des processus de basculement
d’individus dans le radicalisme et l’action violente, a conduit le
Gouvernement à présenter, en avril 2014, un plan de lutte contre la
radicalisation et les filières djihadistes visant à articuler une réponse globale
des pouvoirs publics, tant sur le plan sécuritaire que préventif.
1. Un dispositif de renseignement largement remodelé depuis
2008
La « fonction renseignement » a été assez profondément transformée
dans notre pays depuis 2008. Les réformes successives ont abouti à la
création d’une puissante direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
tandis que les services successeurs de Renseignements généraux s’efforcent
de reconstruire le renseignement territorial avec des moyens limités.
a) Une réforme de 2008 en partie suscitée par la question du radicalisme
islamiste…
Le Livre Blanc de la défense et de la sécurité nationale de 2008 a
défini les buts du renseignement : il a « pour objet de permettre aux plus hautes
autorités de l’État, à notre diplomatie, comme aux armées et au dispositif de sécurité
intérieure et de sécurité civile, d’anticiper et, à cette fin, de disposer d’une
autonomie d’appréciation, de décision et d’action »1.
Il s’agit de ne présenter ici que les grandes lignes de la réforme de
2008, par ailleurs abondamment commentée.
1
Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 2008, page 133.