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informations transmises à votre commission d’enquête. En outre, 16 %
seulement des individus incarcérés pour des actes terroristes islamistes
auraient déjà été écroués par le passé. Par ailleurs, seule une faible
proportion des personnes mises en examen dans le cadre des huit
informations judiciaires liées aux filières syriennes actuellement ouvertes par
le pôle antiterroriste de Paris ont déjà été condamnées par le passé pour des
faits de droit commun ou ont déjà connu la détention. S’agissant des frères
Kouachi, auteurs de l’attentat du 7 janvier 2015, l’un d’entre eux n’avait
jamais eu affaire à la justice, tandis que le second a vu sa première
condamnation prononcée pour terrorisme.
d) Internet, outil privilégié de la communication et du recrutement
djihadistes
Selon les informations transmises à votre commission d’enquête,
l’écrasante majorité des individus radicalisés (de l’ordre de 90 %) l’ont
notamment été, au moins en partie, par le truchement d’Internet. Internet
serait en outre utilisé comme vecteur, sous une forme ou une autre, dans la
quasi-totalité des affaires de terrorisme suivies par les services judiciaires.
Cette forte implication du web traduit l’évolution profonde de la
stratégie de communication et de recrutement des réseaux terroristes, qui
mènent désormais ce qu’il est convenu d’appeler un djihad médiatique. Si
cet outil a toujours constitué un canal de diffusion important d’une idéologie
djihadiste par nature internationaliste, l’utilisation qui en est développée par
Daech à l’ère du web 2 .0 atteint des proportions inédites, ce qui complique
d’autant la tâche des services de renseignements.
(1) Les mutations de la stratégie de communication djihadiste
La propagande djihadiste s’est constamment adaptée à l’évolution
technologique des supports de communication. Al-Qaïda, qui distribuait
déjà des cassettes VHS puis des DVD, a ainsi très tôt investi le web 1.0 en
créant un site officiel. Le site internet, formule très lourde et très exposée, est
cependant apparu peu adapté à la communication terroriste. Il serait tout
d’abord vulnérable aux tentatives de blocage : c’est ainsi que l’adresse du
site d’Al-Qaïda a constamment changé du fait de la traque menée par les
services officiels et par les hackers. Il est ensuite difficile d’accès pour les
non-initiés, l’entrée de mots-clés sur un moteur de recherche traditionnel
conduisant plus fréquemment à des contenus dénonçant les actes des
radicalistes islamistes qu’à un site djihadiste.
La transition vers le web 2.0 s’est faite dès 2007, lorsque al-Zawahiri
a mis en place une foire à questions (FAQ) permettant aux internautes de
transmettre leurs interrogations sur le djihad. Aujourd’hui, leur forte
présence sur des chats et des forums divers, les réseaux sociaux (Facebook,
Twitter) ainsi que sur les applications mobiles de communication
(WhatsApp, Viber) témoigne du développement d’une communication