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lieu de manière privilégiée par Internet, au sein des réseaux de sociabilité
locale (le cercle amical), à l’occasion de voyages à l’étranger, ou encore au
sein d’associations de nature philanthropique 1.
Cette dernière modalité justifie cependant que la vigilance soit
maintenue sur les lieux de culte. À défaut de constituer un lieu de
radicalisation proprement dite, ils demeurent en effet un espace de rencontre
pour les islamistes radicaux. Les mosquées sont également un lieu de
visibilité pour les structures associatives collectant des fonds dans le but
affiché de venir en aide aux populations musulmanes opprimées à travers le
monde (en Syrie comme en Palestine ou en République centrafricaine), qui se
sont multipliées au cours des dernières années, et dont certaines sont
suspectées d’être animées par des islamistes radicaux et d’œuvrer en faveur
du djihad en Syrie.
 La rupture avec la religion institutionnelle se traduit également par
une méconnaissance globale du Coran et des préceptes musulmans chez
les individus nouvellement radicalisés. De l’avis de plusieurs personnes
entendues par votre commission d’enquête, une véritable conversion
religieuse suppose un mouvement d’engagement progressif, un
apprentissage et un questionnement souvent lents pour assimiler les
fondements d’une nouvelle religion. Or, la bascule des aspirants djihadistes
est souvent très rapide, de l’ordre de quelques semaines ou quelques mois à
peine. Ce délai est d’autant plus court qu’une part importante des personnes
concernées n’ont aucune connaissance préalable de la culture musulmane.
C’est par exemple le cas de 55 % des appelants à la plateforme téléphonique
mise en place par l’UCLAT. Dès lors, peut-être conviendrait-il davantage
d’évoquer l’adoption d’un radicalisme islamique plutôt qu’une véritable
conversion.
Pour autant, le processus de radicalisation n’est pas assimilable à
un phénomène purement séculier. Si une connaissance étendue de l’islam
n’est pas nécessairement observée au stade du début de l’adhésion, les
individus radicalisés manifestent ensuite le désir d’approfondir leur
apprentissage religieux de l’islam, dans sa version djihadiste, considérée
comme la seule « pure ».
(2) Entre fondamentalisme islamiste et dérives sectaires, les spécificités du
radicalisme djihadiste

La définition d’une politique de « contre-radicalisation » efficace
nécessite dès lors de comprendre les soubassements idéologiques du
djihadisme. Les ambiguïtés de la démarche radicaliste djihadiste posent la
question de sa continuité avec les différentes mouvances islamistes sunnites,
autour desquelles règne une grande confusion, ainsi que de sa parenté avec
les mouvements sectaires.
1

Farhad Khosrokhavar, ouvrage précité page 88.

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