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(b) La rhétorique de Daech exerce une forte attraction sur certains profils
psychologiques

Certains djihadistes français, au parcours souvent chaotique et se
considérant comme déshérités, seraient particulièrement sensibles à la
rhétorique fondée sur l’humiliation, dans laquelle ils pourraient trouver un
écho à leur situation personnelle. La frustration découlant, notamment, du
sentiment d’exclusion constituerait en effet l’un des moteurs de la
radicalisation. Selon Farhad Khosrokhavar, un individu fragile serait ainsi
susceptible, « en distordant les faits relatifs à sa frustration et en les magnifiant
sous une forme pathologique, [de les rendre] responsables de sa misère et de celle de
son groupe ; il cherche, souvent au nom d’une communauté imaginaire dont il se
croit le porte-parole, à en tirer vengeance et à faire payer la société entière »1.
La perméabilité à ce discours démontrerait également que, au
contraire de l’image souvent présentée d’une jeunesse refusant tout repère,
les aspirants au départ pour la Syrie reconnaîtraient dans le djihadisme un
système déjà construit de valeurs qu’ils n’ont plus le sentiment de trouver
dans leur pays d’origine. Née d’une révolte contre les exactions commises
sur le territoire syro-irakien et devant le laisser-faire de la communauté
internationale, la décision du départ se ferait avec le sentiment d’aller
servir une cause révolutionnaire et juste.
Cette quête de sens concerne notamment certains profils
psychologiques souvent fragiles et particulièrement ciblés par la propagande
salafiste. Outre un « salaire », les jeunes radicalisés se voient offrir un rôle
correspondant à leurs aspirations 2. À ceux qui sont avant tout animés par la
volonté de voir leur utilité reconnue et appréciée – parmi lesquels comptent
notamment les individus sans attache −, Daech promet l’appartenance à une
communauté de combattants unis par la complémentarité de leurs rôles
respectifs. D’autres, animés de sentiments généreux, sont davantage attirés
par l’idée de porter secours aux populations opprimées par les régimes en
place. Le modèle chevaleresque s’adresse à celui qui se sent investi d’une
responsabilité particulière face à l’inertie de ses contemporains. D’autres
vidéos ciblent particulièrement des jeunes en recherche d’adrénaline,
d’aventure, et d’appartenance à une communauté virile ; il s’agirait
notamment des recalés à la carrière militaire. Certains enfin seraient plus
sensibles à l’image de la toute-puissance : à ceux-là, les intégristes offrent
l’impression de prendre la place de Dieu en disposant du droit de vie et de
mort sur le territoire des affrontements.

Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, pages 89-91, Éditions de la Maison des sciences de
l’homme, novembre 2014.
2 Voir sur ce point Dounia Bouzar, Christophe Caupenne, Sulayman Valsan, La métamorphose
opérée chez le jeune par les nouveaux discours terroristes, novembre 2014, p. 82 et suivantes.
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