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l’Irak. Au cours des vingt dernières années, les théâtres afghan, somalien,
bosniaque, tchétchène, waziri ou, plus récemment, malien avaient déjà attiré
des ressortissants étrangers désireux de combattre au côté des groupes
terroristes locaux. Selon les responsables des services de renseignement
entendus par votre commission d’enquête, ces précédentes vagues de
djihadisme n’avaient cependant concerné tout au plus qu’une trentaine,
voire une cinquantaine d’individus français chaque année. Ainsi, seulement
une quarantaine de combattants français ont été recensés en Afghanistan au
cours de la dernière décennie.
Du fait de l’attraction exercée par la zone de conflit syro-irakienne,
le phénomène prend aujourd’hui une nouvelle dimension, devenant pour la
première fois massif et mondial. Plus de 15 000 combattants étrangers
auraient ainsi rejoint la Syrie, s’engageant dans les rangs de Jabhat al-Nosra,
aux côtés de Daech surtout, ou encore au sein du groupe Khorassan, avatar
d’Al-Qaïda en Syrie. Les djihadistes étrangers représenteraient ainsi plus de
10 % de l’opposition armée en Syrie.
Les Saoudiens seraient les plus nombreux sur la zone, avec 4 000 à
5 000 représentants selon la CIA. Viennent ensuite les Tunisiens (1 500 à
2 000 ressortissants) et les Tchétchènes, qui occuperaient souvent des
fonctions importantes dans la hiérarchie des organisations combattantes. On
compterait au total une majorité de combattants venus d’Afrique du Nord et
du Moyen-Orient : outre les Tunisiens, la zone de combats compterait
2 000 Libanais et autant de Jordaniens, 1 000 Égyptiens, 800 Marocains et une
centaine d’Algériens – ce dernier chiffre étant toutefois sujet à caution.
3 000 combattants étrangers seraient par ailleurs issus de pays
membres de l’Union européenne, parmi lesquels 450 Allemands, plus de
200 Belges et environ 300 Britanniques. L’Italie apparaît comme le pays le
moins touché.
La France a le triste privilège d’alimenter le contingent européen
le plus nombreux. Le départ des aspirants djihadistes français pour la Syrie
et, dans une moindre mesure, l’Irak atteint une ampleur inédite, selon les
informations transmises à votre commission d’enquête par les différents
services de renseignement. Au total, au 9 mars 2015, 1 432 ressortissants
français étaient recensés. 413 d’entre eux se trouveraient effectivement sur
la zone de combats, dont 119 femmes (parmi lesquelles une proportion non
négligeable de mineures), 295 seraient en transit, et 376 se prépareraient à s’y
rendre. 261 personnes auraient quitté le territoire syro-irakien, dont 200 pour
regagner la France. 85 seraient présumés décédés sur place et 2 seraient
emprisonnés en Syrie.
Ces chiffres sont d’autant plus alarmants qu’ils sont en forte
augmentation. Depuis le 1 er janvier 2014, le nombre de personnes impliquées
d’une manière ou d’une autre dans les filières djihadistes a plus que doublé,
tandis que le nombre de ressortissants français présents en Syrie et en Irak a