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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
Daech au contraire, véritable armée terroriste, entend d’abord
enraciner une emprise à la fois politique et religieuse sur un territoire qu’il
cherche à étendre vers le Liban, la Libye, la Jordanie ou encore la Palestine,
voire la Tunisie. Au contraire également des premiers rebelles syriens, il
n’inscrit pas davantage son combat dans une perspective nationale, à travers
une lutte visant un pouvoir considéré comme illégitime. La logique originale
de l’EIIL, d’abord confessionnelle et panislamiste, semble procéder d’une
volonté totalitaire d’éradiquer ou de soumettre tous ceux – musulmans
compris – qui ne pratiquent pas un islam intégriste, au premier rang
desquels les chiites.
De fait, Daech constitue aujourd’hui bien plus qu’un simple groupe
terroriste et peut revendiquer plusieurs des caractéristiques d’un État. Il
peut s’appuyer sur des structures politiques souples mais solides,
organisées sur un modèle féodal entre les groupes combattants locaux et les
infrastructures centrales. Il rend d’ores et déjà ce qu’il considère comme une
forme de justice – et qui n’est qu’un ensemble de pratiques expéditives. Il
dispose d’une armée forte de 20 000 à 50 000 hommes, dont les cadres sont
aguerris – qu’il s’agisse de prisonniers libérés par Bachar el-Assad, d’anciens
militaires irakiens ou encore de transfuges d’Al-Qaïda – et qui continue à
recruter. Grâce aux victoires remportées, notamment en Syrie ou à Mossoul,
il dispose d’un matériel militaire moderne, principalement composé
cependant d’armes de petit calibre. Daech bénéficie par ailleurs d’un
financement important, qui provient principalement des ressources
financières des territoires qu’il contrôle (notamment à travers les impôts, le
racket ou le pillage), des fonds versés par des personnalités des pays du
Golfe agissant à titre privé 1, ainsi que de la vente de pétrole à bas prix au
marché noir.
Daech constitue enfin un véritable pôle d’immigration. Il apparaît
comme le meneur de premier plan de la rébellion sunnite, statut renforcé par
le symbole que constitue le rétablissement du Califat disparu en 1258 lors de
la prise de Bagdad par les Mongols. Utilisant parfaitement les ressources de
la propagande, il exerce une force d’attraction considérable non seulement
sur les groupes islamistes qui se rallient à lui, mais également sur les jeunes
djihadistes qui, venus du monde entier, s’engagent principalement sous sa
bannière.
b) La France constitue l’un des principaux pourvoyeurs de combattants
étrangers en Syrie ou en Irak
Si le phénomène du départ de combattants étrangers pour le
djihad n’est pas nouveau, la situation présente se distingue par
l’importance numérique des aspirants djihadistes rejoignant la Syrie ou
Selon les informations fournies à votre commission d’enquête par un responsable du département
du Trésor américain, il n’a pas pu être prouvé qu’il existe un financement direct de la part de ces
États.
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