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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

connu une progression de 84 %. En outre, le flux ne se tarit pas : cette
progression correspond en moyenne à l’apparition de 15 nouveaux candidats
djihadistes chaque semaine. Des pics de signalements sont à noter lors de
chaque événement survenant sur la zone de combats et savamment mis en
scène par les groupes terroristes opérant sur place, comme la décapitation de
Peter Kassig en novembre 2014. Ajoutons que si ces chiffres retracent les
éléments connus de manière certaine, ils ne font bien sûr pas état des cas qui
échapperaient au regard des services de renseignement.
D’autres éléments chiffrés en provenance de diverses
administrations permettent d’affiner l’évaluation numérique du phénomène.
Au 9 mars 2015, 591 personnes auraient eu à rendre des comptes devant la
justice ; 122 affaires étaient en cours et 122 individus avaient été mis en
examen, dont 96 placés sous écrou et 26 sous contrôle judiciaire. Selon
l’administration pénitentiaire, 152 détenus identifiés comme islamistes
radicaux sont aujourd’hui écroués sur l’incrimination d’association de
malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste ; il faut ajouter à ce chiffre
5 personnes suivies en raison de leur activité dans des pays liés aux réseaux
djihadistes, comme le Liban ou l’Iran. En raison de l’accélération des retours
de Syrie, le nombre de détenus écroués pour leurs liens avec un réseau
djihadiste, longtemps proche de 80 à 90 personnes, est en notable
augmentation. Les signalements des professionnels de l’éducation nationale
donnent également lieu à des statistiques : au 9 janvier 2015, 238 faits de
radicalisation avaient été signalés par des enseignants ou des chefs
d’établissements depuis la rentrée de septembre 2014.
 Il apparaît, notamment selon les entretiens réalisés par les autorités
françaises avec les djihadistes de retour de la zone de combats (gardes à vue
ou entretiens administratifs), que les Français présents sur place sont très
déterminés et participent activement aux combats comme aux exactions.
Les nouvelles recrues recevraient une formation au maniement des armes et
des explosifs ou à la prise d’otages. Daech redoutant les infiltrations, les
ressortissants occidentaux devraient par ailleurs satisfaire à une sorte
d’examen de passage, qui peut prendre la forme d’une participation à une
mise à mort. De véritables filières ont été organisées, aboutissant à la
constitution de katibas francophones, dont les combattants prennent part aux
exactions perpétrées contre la population syrienne ainsi qu’aux décapitations
mises en scène par Daech – ainsi que l’illustre le tristement célèbre exemple
de Maxime Hauchard, ou, en ce qui concerne nos partenaires européens, du
ressortissant britannique qui a participé à la mise à mort des deux
journalistes américains James Foley et Steven Sotloff.
Certains djihadistes de retour ont cependant fait part de leur
désillusion. Loin des illusions romantiques forgées au cours d’une
radicalisation effectuée en grande partie sur Internet, ils ont en effet
découvert sur place l’extrême violence des combats et la réalité des enjeux de
la lutte conduite par Daech, qui s’apparente davantage à une guerre de

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