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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

Avant de traiter le symptôme, il faut traiter la radicalisation à la
source. Notre législation et notre pratique ont beaucoup évolué pour la
combattre dans les prisons, les mosquées et sur internet. Le programme de
partenariat Channel regroupe la police et les associations au niveau local pour
encourager les voix qui s’élèvent contre l’islam radical et pour aider les
personnes vulnérables. Dans les prisons, notre Home office rassemble beaucoup
d’informations sur les détenus susceptibles de radicaliser les autres ou de se
radicaliser. Nous nous assurons que les aumôniers présentent une vision
modérée de l’islam. Les surveillants sont aussi concernés, et l’accent est mis
également sur l’éducation des prisonniers.
Daesh et les autres groupes utilisent très savamment internet pour
leur propagande. Il faut identifier rapidement ces sites et agir avec les acteurs
du web pour les supprimer. Nous avons noué des liens très étroits pour cela
avec les fournisseurs de plates-formes, souvent en dehors de l’Europe. Une
cellule spécialisée comparable à Pharos en France mène ce partenariat, qui
fonctionne assez bien. Nous avons des interrogations sur une approche
législative au niveau européen : cela ne fonctionnerait pas forcément mieux,
face à des fournisseurs basés en dehors de nos frontières. L’urgence me semble
au contraire de travailler avec le secteur sur une base volontaire. Nous avons
néanmoins durci récemment les obligations des fournisseurs.
La répression vise soit à empêcher les personnes radicalisées de
partir pour le Moyen-Orient, soit à les contrôler à leur retour. Depuis quelques
semaines, la police peut retirer le passeport d’un individu à la frontière pour
permettre une enquête policière ; une déchéance de nationalité peut être
prononcée à l’encontre d’un individu ayant une autre nationalité, il peut alors
être expulsé. S’il fait état d’une menace dans son pays pour contester son
expulsion au titre de l’article 3 de la convention européenne des droits de
l’homme, un réseau d’assurance avec des pays tels que l’Algérie, l’Éthiopie, la
Jordanie, le Liban ou le Maroc nous permet de faire valoir devant nos tribunaux
que sa sécurité ne sera pas menacée. Nous cherchons à élargir ce réseau. La
décision est soumise au droit d’appel, et en particulier un tribunal spécialisé
ayant accès à des données classifiées.
Le nouvel instrument auquel vous avez fait référence, et qui a eu des
échos dans les médias est le temporary exclusion order – mandat d’exclusion
temporaire – permettant au ministre d’interdire le retour sur le territoire
britannique d’un citoyen britannique le temps de mettre en place un contrôle
dès son arrivée. La presse a mal compris le délai de deux ans : c’est une durée
maximale, mais le délai serait plutôt de quelques heures, pour que les forces de
l’ordre puissent s’organiser dès qu’elles auront l’information par leurs
homologues du pays voisin.
Les instruments de lutte contre la menace doivent évoluer au même
tempo que la menace elle-même. L’utilisation des réseaux sociaux évolue très
rapidement : nous devons être en mesure d’éviter qu’ils soient utilisés contre
nous. Les mesures prioritaires me semblent être le PNR européen et l’échange

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