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l’internet. À mon sens, sa visée est avant tout prophylactique : il est nécessaire
d’empêcher la population, et notamment les plus jeunes, d’accéder à ces
contenus pernicieux et de prévenir un dérapage qui pourrait être mal maîtrisé
par l’environnement social ou familial. Il est bien sûr possible de contourner le
blocage, le moyen le plus simple étant d’utiliser une adresse IP étrangère. Le
blocage effectué au niveau des fournisseurs d’accès permet cependant de
toucher les 80 % de la population qui ne sont pas particulièrement férus de
technologie.
Le dispositif a pour deuxième fonction de protéger les victimes, qu’il
s’agisse du terrorisme ou de la pédopornographie. La vidéo montrant
l’assassinat sauvage d’Hervé Gourdel a ainsi été retirée, à la demande de la
sous-direction, quelques minutes seulement après sa publication sur Internet.
Ce retrait dépendait de la bonne volonté de YouTube, qui y a cependant
procédé, compte tenu de la sauvagerie de son contenu. La vidéo a ensuite été
diffusée de manière de plus en plus distante, et a constamment été signalée par
les internautes, ce qui prouve que leur vigilance n’a pas faibli jusqu’à ce qu’elle
soit difficilement accessible – par login et mot de passe, ou dissimulée dans le
deep web.
L’un des avantages du dispositif Pharos réside dans le fait que le
signalement des contenus se fait avec les droits de l’internaute, ce qui permet
d’y accéder, le cas échéant, avec ses identifiant et mot de passe.
Ce dispositif pourrait également être perturbant pour le prosélytisme
passant par les réseaux sociaux. Les messages diffusés sur Facebook ou sur
Twitter renvoient en effet bien souvent à des sites Internet : dès lors que ceux-ci
ne sont plus accessibles, l’internaute est nécessairement moins exposé à la
propagande.
Nous allons commencer avec un nombre relativement faible de sites
à fermer − une dizaine −, que nous soumettrons, s’agissant du volet terroriste, à
l’Uclat, afin à la fois de garantir la pertinence de nos choix et de ne pas risquer
de compromettre des enquêtes en cours. Nous testerons l’efficacité du dispositif
prévu dès la publication du décret, et serons en mesure de l’adapter et de
l’ajuster dans les jours qui suivront.
M. Benoît Tabaka, secrétaire de l’Association des services de
l’internet communautaire (ASIC). – L’ASIC, créée en 2007, regroupe ce que
l’on appelle couramment les hébergeurs ou les plateformes, c’est-à-dire
l’ensemble des acteurs qui assurent le stockage de contenus (vidéos, messages
postés sur des réseaux sociaux, petites annonces, blogs) à la demande
d’internautes. Elle compte une vingtaine de membres, dont certains sont
étrangers de dimension internationale (Microsoft, Facebook), d’autres français
avec une présence internationale (Dailymotion, Priceminister).
Certains réseaux terroristes utilisent des plateformes pour diffuser
leurs contenus. Le signalement de ces contenus répond au régime prévu par la
loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) – ce