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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
propositions de nature à améliorer l’efficacité du combat que notre société doit
mener contre le terrorisme.
Les mesures proposées concernant la prévention de l’attirance d’une frange de
la jeunesse pour l’islamisme radical, ou la lutte contre la diffusion de l’idéologie
véhiculée par ces réseaux, mériteraient d’être rapidement mise en œuvre par les
pouvoirs publics. Il faudrait également approfondir la réflexion sur la mise en
place de structures de « déradicalisation » pluridisciplinaires, mêlant approche
sociale, psychologie et religion.
A cet égard, nous aurions souhaité une présentation plus claire et plus précise
de la conception républicaine de la laïcité, telle qu’il est proposé de la replacer
au cœur de l’action de l’État. En effet, la place et le rôle des religions dans notre
société, quand elles sont instrumentalisées et dévoyées par les organisations
que nous voulons combattre, sont des questions centrales pour comprendre le
phénomène auquel nous sommes confrontés.
Nous regrettons ainsi que la réorganisation de la représentation du culte
musulman dans notre pays n’ait pas fait l’objet de propositions, car sa
hiérarchisation et sa structuration sont inexistante. Il est en effet nécessaire que
les responsables du culte musulman prennent leur part dans ce combat afin
d’éviter les amalgames entre l’islam et une forme de terrorisme.
Concernant l’amélioration de l’organisation et du cadre de la lutte antiterroriste,
de nombreuses mesures, qui sont souvent de bon sens ou qui proposent des
augmentations d’effectifs et de moyens, pourraient être directement, et
rapidement, appliquées sans nécessiter de modification législative.
En revanche, nous sommes plus réservés sur les modalités d’un contrôle
renforcé des frontières de l’Union européenne et sur le contenu des accords de
réadmission signés avec des pays hors UE.
Pour ce qui est de certaines propositions concernant l’adaptation de la réponse
pénale, nous aurons notamment l’occasion de préciser nos positions dans le
cadre de la prochaine discussion du projet de loi sur le renseignement. En
particulier, par rapport à l’instauration d’un régime juridique de « saisie des
données informatiques » ainsi que sur l’autorisation des techniques de
captation des données à distance.
Enfin, de nombreuses mesures préconisées dans le rapport de notre commission
d’enquête supposerait, pour être réellement appliquées, que soient engagés
d’importants moyens budgétaires et financiers. Dans le cadre de la politique
dogmatique de réduction de la dépense publique sur laquelle le gouvernement
actuel est arc-bouté, nous craignons malheureusement que toutes celles-ci
restent lettre-morte.
Tels sont les quelques éléments supplémentaires de réflexion que notre groupe
souhaitait évoquer à l’occasion de l’adoption du rapport sur la commission
d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en
France et en Europe dont nous avons apprécié la rigueur et l’équilibre.