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contre le radicalisme. Cette observation ne préjuge pas de la nécessité
d’organiser des programmes d’accompagnement spécifiques au milieu
carcéral1 afin de préparer la sortie des détenus terroristes très en amont de
leur libération.
Elle souligne ensuite la nécessité de s’appuyer sur une continuité et
une complémentarité d’acteurs appartenant au secteur public comme à la
sphère privée. Au niveau central, la coordination du programme pourrait
être assurée par le centre national d’assistance et de prévention de la
radicalisation (CNAPR), dans le but d’assurer la cohérence de la lutte contre
les réseaux djihadistes. Si, au niveau local, les préfectures apparaissent
comme un acteur naturel et incontournable de la mise en œuvre d’un tel
projet, il a été souligné à plusieurs reprises devant votre commission
d’enquête que l’image répressive du ministère de l’Intérieur qui leur est
associée pouvait constituer un handicap dans le cadre d’un programme
centré sur la prévention. Ce n’est pas l’avis du rapporteur de votre
commission d’enquête, qui considère que les représentants de l’État ont les
moyens d’organiser ou d’assumer des missions de prévention dans de
bonnes conditions. Il sera dans tous les cas utile de travailler en collaboration
étroite avec les communes, dont les initiatives pourraient être encouragées,
avec les autorités musulmanes locales, ainsi qu’avec les acteurs associatifs −
dont certains pourraient d’ailleurs développer des programmes propres
labellisés par les pouvoirs publics.
Votre commission d’enquête juge particulièrement intéressante la
démarche de mentorat mise en œuvre par certains des programmes de
déradicalisation étrangers. Elle souhaite que les programmes de réinsertion
mis en œuvre sur le territoire français intègrent un accompagnement
personnalisé, effectué de manière régulière par un référent spécifiquement
désigné pour chacune des personnes suivies dans le cadre de ces
programmes, et en lien avec les cellules de veille préfectorales.
Votre commission d’enquête insiste, d’une manière plus générale,
sur la nécessité d’impliquer très largement les acteurs associatifs dans la
prévention de la radicalisation. Il existe d’ores et déjà de nombreuses
associations très actives sur le terrain et intervenant sur des sujets
complémentaires, tels que la promotion de l’intégration des musulmans (en
particulier par l’association Fils de France de Camel Bechikh) ou celle de la
laïcité ou du discours interreligieux (comme le font par exemple, entre autres
sujets abordés, l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix,
l’Union des associations musulmanes de Seine Saint-Denis, ainsi que le
Rassemblement des musulmans de France) 2.
D’autres structures, qui intervenaient de manière généraliste dans le
champ de la prévention de la délinquance ou l’éducation et l’intégration, ont
1
2

Cf. page 253.
Associations auxquelles il est fait référence dans le rapport précité de Pierre Conesa.

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