- 140 -

FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

De telles modalités d’action supposent cependant que des accords puissent
être passés avec les opérateurs Internet 1.
Proposition n° 8 : Charger le CNAPR d’élaborer des programmes de contrediscours adaptés aux différents profils visés. Pour leur diffusion, donner un
rôle privilégié aux associations, investir prioritairement Internet et
notamment les réseaux sociaux, et s’appuyer sur la parole d’anciens
djihadistes ou extrémistes repentis, dans des conditions à définir strictement.
3. Clarifier la place du fait religieux dans le cadre républicain
La loi du 9 novembre 1905, qui affirme clairement la séparation des
églises et de l’État, permet de protéger le libre exercice des cultes en
garantissant cependant la neutralité – qui n’est pas l’indifférence – de l’État
à leur égard. Votre commission d’enquête insiste sur la nécessité de replacer
la valeur de laïcité au cœur de l’action de l’État. Cette démarche suppose à
la fois que soient créées les conditions d’un exercice de l’islam compatible
avec les valeurs de la République (1) et qu’une réflexion soit engagée sur un
enseignement du fait religieux dans le cadre de l’école laïque (2).
a) Favoriser la construction d’un islam de France
Ainsi que l’ont fortement affirmé plusieurs des personnes entendues
par votre commission d’enquête, les autorités religieuses musulmanes
doivent jouer un rôle de premier plan dans la prévention des dérives
radicales. L’implication de l’État laïque dans la déconstruction du discours
djihadiste a en effet ses limites et s’arrête au seuil du discours théologique,
qui ne peut être endossé que par les acteurs de la sphère religieuse. Cette
approche est d’autant plus importante que certaines personnes en voie de
radicalisation seraient particulièrement sensibles aux arguments relevant de
l’interprétation religieuse pour rejeter le discours et les exactions djihadistes.
Il apparaît dès lors indispensable d’encourager l’émergence et la
structuration d’un véritable « islam de France », dont le message, le
financement et l’organisation seraient en eux-mêmes une garantie contre le
radicalisme islamiste. Il est cependant clair que ni l’organisation d’un culte,
ni son exercice, ni la formation des ministres de ce culte ne relèvent de la
responsabilité ni des prérogatives de l’État, dès lors que la loi républicaine
est respectée.
Le Premier ministre Manuel Valls a ainsi affirmé, le 3 mars 2015, la
volonté du Gouvernement d’agir contre « tout ce qui retarde un islam de
France ». L’accent a notamment été mis sur la nécessité de clarifier le
financement de la construction de mosquées en France, afin que « [le] réflexe
1

Voir page 179.

Select target paragraph3