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efficacité au moins en ce qu’elles contribuent à alerter l’entourage des
personnes radicalisées, et donc à améliorer leur détection.
Les premiers éléments tirés des initiatives lancées par le milieu
associatif ainsi que des expériences étrangères (notamment en Italie et en
Grande-Bretagne) semblent indiquer que les stratégies de contrecommunication les plus efficaces seraient celles qui donnent la parole à
d’anciens djihadistes repentis, voire aux victimes d’attentats terroristes.
L’expression, de la part des djihadistes de retour, de leur déception face à la
réalité qu’ils ont trouvée sur le terrain, ou encore de leurs regrets devant la
souffrance qu’ils ont infligée à leurs proches, aurait en effet un poids certain
chez les individus en voie de radicalisation. Un témoignage concret, portant
notamment sur la trivialité des tâches confiées aux combattants français
sur le terrain (notamment des tâches parfois ménagères) aurait ainsi
davantage d’impact qu’un jugement moral dénonçant les œuvres de mort
de Daech.
d) Quelles modalités de diffusion ?
Il apparaît clairement que, pour être efficace, le contre-discours doit
emprunter les mêmes canaux de diffusion que celui qu’il entend dénoncer.
Cela suppose en particulier d’investir l’espace Internet, dans le but de faire
en sorte que les outils numériques, qui sont les plus utilisés pour
l’endoctrinement, soient aussi les plus utiles à la contre-radicalisation. Il
s’agit d’éviter avant tout que les individus en voie de radicalisation
n’évoluent que dans une sorte de bulle fermée, en ne communiquant qu’avec
des internautes ralliés à la cause djihadiste.
La contre-propagande pourrait ainsi utiliser les mêmes armes que
celles des prosélytes djihadistes, en passant notamment par YouTube et les
réseaux sociaux, qui constituent les plateformes de référence pour les jeunes
internautes. Sur les réseaux sociaux pourraient notamment être conduites
des opérations d’infiltration et de perturbation des fils de discussion.
Les contenus de contre-discours devraient par ailleurs être
accessibles avant ceux des réseaux djihadistes – ou du moins de manière
simultanée. Cela suppose, notamment, qu’ils apparaissent comme premiers
résultats d’une requête par mots-clés dans un moteur de recherche, ou
encore que les contenus illégaux bloqués à la suite d’une opération de
signalement renvoient à des messages de contre-discours, dans un but
pédagogique. Il pourrait également être envisagé, sur le modèle des
publicités personnalisées en fonction des habitudes des consommateurs, de
faire en sorte que des messages ciblés s’affichent lors de la navigation
d’internautes identifiés comme visitant des sites de propagande djihadiste.