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Les autorités religieuses musulmanes ont également un rôle crucial
dans la déconstruction du discours djihadiste : ce point sera développé
ultérieurement1.
b) Quels destinataires ?
De l’avis de plusieurs des personnes entendues, le contre-discours
serait pratiquement inefficace à l’égard des individus déjà radicalisés. Il
s’adresserait plutôt aux personnes en voie de radicalisation, ou qui
pourraient un jour y être exposées : il s’agit de perturber ce processus en les
portant à s’interroger sur le message des organisations djihadistes. De ce fait,
la diffusion du contre-discours a toute sa place dans la sphère scolaire, où le
questionnement des jeunes peut être suscité de manière particulièrement
efficace. Le milieu carcéral, dans lequel les détenus sont très exposés au
recrutement djihadiste, doit également assurer la diffusion de ce message de
déconstruction. S’agissant des individus déjà endoctrinés, la seule voie
crédible de sortie de la radicalité serait, de l’avis de plusieurs personnes
entendues par votre commission d’enquête, le contact direct avec d’anciens
djihadistes repentis.
Votre commission d’enquête insiste sur la nécessité de développer
des actions de formation à la réception du discours numérique dans le
cadre scolaire. Il s’agirait de donner aux jeunes internautes des outils pour
apprendre à distinguer les contenus qui relèvent d’un discours religieux de
ceux qui constituent des appels au terrorisme, et en définitive de les former à
une compréhension critique de contenus souvent assimilés de manière
passive sur les réseaux sociaux ou les plateformes vidéo. Un rapport de la
Fondation pour l’innovation politique de février 2015 souligne ainsi la
nécessité d’ « intégrer au plus tôt la question de l’usage des technologies de
l’information dans l’enseignement, afin notamment d’inculquer aux élèves la
distance critique nécessaire face aux contenus accessibles en ligne, mais aussi de les
sensibiliser dès le plus jeune âge au bon usage de la parole sur Internet »2.
Cet apprentissage pourrait prendre la formule d’un module consacré
à la citoyenneté numérique dans les cours d’Éducation civique, juridique et
sociale (ECJS). Il s’inscrirait dans une logique globale visant à faire du
citoyen lui-même un acteur de la prévention de la radicalisation.
Proposition n° 6 : Intégrer dans les programmes scolaires une formation à la
réception critique des contenus diffusés sur Internet.

Voir page 140.
Bariza Khiari, « Le soufisme : spiritualité et citoyenneté », Quatrième note de la série « Valeurs
d’islam », Fondation pour l’innovation politique, février 2015.
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