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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

d’évaluer la dangerosité potentielle des individus concernés. Dans le cadre
du CPDSI a été conduite une recherche-action qui a abouti à la publication
en novembre 2014 d’un document 1 retraçant notamment les différentes
« étapes de rupture » caractéristiques de l’entrée dans le processus de
radicalité. Les établissements pénitentiaires travaillent également à partir de
grilles de critères appliquées à chaque individu évalué ; de l’aveu même de
ces établissements, ces grilles sont cependant très perfectibles. Dans le livret
de sensibilisation aux phénomènes de radicalisation adressé aux rectorats le
9 février dernier par le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement
supérieur et de la recherche figure une liste de « signes d’alerte », ou
changements de comportement qui doivent appeler l’attention sur une
possible radicalisation en cours. Enfin, le ministère de la Justice a indiqué
avoir lancé en janvier 2015 une recherche-action qui doit permettre
d’élaborer des « indicateurs de détection des signaux faibles ».
Indicateurs d’alerte figurant dans le livret de sensibilisation
aux phénomènes de radicalisation élaboré par le ministère de l’Éducation nationale
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Rupture relationnelle aggravée ou généralisée avec les camarades, les amis, les divers
entourages ; abandon des activités périscolaires.

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Rupture avec l’école : contestations répétées d’enseignements, multiplication des
absences, déscolarisation soudaine.

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Ruptures avec la famille : limitation de la communication avec les proches, tentatives de
fugue.

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Nouveaux comportements dans les domaines suivants : vestimentaire, alimentaire, etc.

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Modification de l’identité sociale et des discours : propos antisociaux virulents ou
violents ; multiplication des conflits ou des tensions avec autrui ; rejet et discours de
condamnation de la société occidentale ; rejet systématique des instances d’autorité ;
rejet des différentes formes de la vie en collectivité, repli sur soi, mutisme.

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Intérêt soudain pour telle religion ou telle idéologie, manifestement exclusif et excessif.

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Socialisation réduite aux réseaux sociaux, fréquentation de sites à caractère radical,
adhésion à des discours extrémistes sur ces réseaux.

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Discours relatifs à la fin du monde et fascination manifeste pour les scénarios
apocalyptiques.

Si ces premiers pas apparaissent encourageants, votre commission
d’enquête insiste sur l’impérieuse nécessité de disposer d’un outil
d’évaluation de la radicalisation qui puisse être partagé et utilisé par
l’ensemble des acteurs impliqués sur le terrain. L’élaboration d’un tel outil
devrait être appuyée sur des compétences multiples et réunir, sous le
pilotage du CNAPR, des professionnels de divers horizons : chercheurs et
universitaires (sociologues, historiens spécialistes du fait religieux, etc.),
Dounia Bouzar, Christophe Caupenne, Sulayman Valsan, La métamorphose opérée chez le jeune
par les nouveaux discours terroristes, Recherche-action sur la mutation du processus
d’endoctrinement et d’embrigadement dans l’Islam radical, novembre 2014.
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