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Surtout, les maires déploient des efforts conséquents pour participer à l’effort de
prévention de la radicalisation. Des cellules de veille ont ainsi été mises en place dans le
cadre des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). Ils gèrent
des structures socio-éducatives à destination de la jeunesse, soutiennent le secteur
associatif, et assurent la liaison avec les structures de quartier. Ils mettent par ailleurs en
place des actions de promotion de la citoyenneté, à destination notamment des jeunes en
rupture. Du fait de leur position privilégiée d’élus de proximité, leurs actions de sui vi
s’effectuent aussi à travers le lien direct avec les habitants. Ils gèrent enfin les effectifs de la
police municipale, qui se consacrent largement à des actions de prévention.
Proposition n° 4 : Organiser un échange d’informations systématique entre
les cellules de veille préfectorales et les maires au sujet des personnes
radicalisées ou en voie de radicalisation.
(2) Une détection souvent difficile, qui rend indispensable l’élaboration de
critères partagés
Loin de l’imaginaire souvent associé à la pratique rigoureuse de
l’islam, le processus de radicalisation ne se traduit pas toujours par des
signes extérieurs visibles. Selon les informations transmises à votre
commission d’enquête, une dissociation claire est apparue entre les
manifestations du fondamentalisme religieux et celles du djihadisme : tandis
que le premier continuerait de passer par une modification de l’apparence
physique, un comportement souvent extraverti (revendications insistantes
auprès des autorités, prières collectives spontanées en prison, etc.) ou encore
une modification du régime alimentaire, en revanche les djihadistes se voient
désormais enseigner l’art de la dissimulation dès le stade du recrutement. En
outre, la plupart d’entre eux ne fréquentent pas les lieux traditionnels de
l’embrigadement djihadiste, le recrutement étant effectué de manière très
individualisée.
Cette évolution pose deux problèmes majeurs en matière de
détection. En premier lieu, elle impose de faire un tri chronophage parmi les
très nombreux signalements qui parviennent aux services compétents, dont
une part importante porte sur des individus simplement convertis, le cas
échéant à une pratique fondamentaliste de l’islam, mais non susceptibles
d’un passage à l’acte djihadiste. Surtout, elle aboutit à ce que partent pour la
Syrie des individus dont la radicalisation s’est effectuée de manière très
introvertie, de telle sorte qu’elle n’a fait l’objet d’aucune détection. Ainsi, au
niveau européen, 53 % des combattants n’auraient pas été détectés avant leur
départ.
Face à ces difficultés, plusieurs des autorités et acteurs entendus
par votre commission d’enquête ont engagé un travail de définition des
indicateurs susceptibles d’indiquer une radicalisation et permettant