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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

de certains profils. En second lieu, l’étude de la sociologie des appelants
révèle que cet outil fonctionne principalement auprès des familles des
classes moyennes ou aisées. Les familles défavorisées, ou celles installées en
France depuis peu, craindraient de s’adresser directement aux pouvoirs
publics, dont elles redouteraient que la réponse soit uniquement répressive.
Il apparaît dès lors indispensable que cet outil puisse fonctionner de
manière continue, ce qui suppose un renforcement important de ses
effectifs. Une campagne de communication adaptée pourrait par ailleurs
être menée afin de toucher les classes populaires, notamment en insistant sur
la dimension d’accompagnement social proposée par ce service. Cette
campagne nationale pourrait notamment être menée par les services sociaux
dans l’optique de faire connaître la plateforme et d’inciter l’ensemble des
publics à y avoir recours.
Proposition n° 3 : Renforcer très sensiblement les moyens du CNAPR afin
d’élargir ses horaires d’ouverture au public, pour parvenir à un service
fonctionnant en permanence (24 heures sur 24), et lancer une importante
campagne de communication visant à faire connaître cet organisme et ses
coordonnées, afin qu’il puisse être facilement contacté par le plus large
public possible.

En première ligne, des maires souvent démunis
Plusieurs maires, auditionnés par votre commission d’enquête, ont fait part de
leur désarroi devant la progression des phénomènes de radicalisation sur le territoire de
leur commune, dont ils peinent à assurer le suivi.
Ils ont notamment déploré le manque de relations et de coopération avec les
services de l’État dédiés au traitement de ces questions, ainsi qu’avec les services
judiciaires. Ils regrettent en particulier l’absence de partage, par le s services de
renseignement et les préfectures, des indications dont ils disposent, ainsi que l’absence de
retour de ces services après transmission des informations collectées sur le territoire
communal, qui leur sont pourtant systématiquement envoyées.
Ils ont par ailleurs souligné le manque de moyens administratifs et juridiques à
leur disposition pour prévenir les phénomènes de radicalisation. Cette lacune vient
s���ajouter à la faiblesse des moyens matériels alloués aux acteurs de terrain impliqués (PJJ,
SPIP, établissements scolaires).
Ces manques sont d’autant plus regrettables que ce sont ces élus qui se trouvent
exposés lorsque survient une crise. Ils doivent en particulier faire face à la pression, voire à
l’emballement médiatique qui accompagne toute annonce de départ en Syrie, et qui aboutit
bien souvent à focaliser l’attention sur la commune dont est originaire la personne
radicalisée.

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