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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

établissements pénitentiaires pour que la situation soit satisfaisante. Ainsi,
tant le renseignement pénitentiaire que la prise en charge personnalisée en
vue d’une sortie de la radicalisation y apparaissent encore pour le moins
perfectibles.
Deux autres sujets ont suscité une préoccupation toute particulière
de votre commission d’enquête tant ils apparaissent difficiles à appréhender
et à maîtriser pour les pouvoirs publics. Il s’agit d’abord de l’utilisation
d’Internet par les réseaux djihadistes à des fins d’organisation ou pour
propager des messages et des vidéos d’apologie du terrorisme susceptibles
d’être lus ou vues par des personnes connectées en n’importe quel point de
notre territoire. Le fort investissement de la police, de la gendarmerie et des
services de renseignement se heurte dans ce domaine à l’extrême
éparpillement des supports (sites, plateformes diverses, réseaux sociaux
indépendant ou rattachés à d’autres médias, etc.), au fait qu’ils sont souvent
hébergés à l’étranger et à la facilité de remettre en ligne un contenu retiré ou
supprimé. Si plusieurs mesures importantes ont récemment été prises, dont
la possibilité, pour l’administration, d’exiger d’un fournisseur d’accès le
blocage d’un contenu faisant l’apologie du terrorisme, elles apparaissent
encore insuffisantes.
Autre sujet majeur de préoccupation, le financement du terrorisme
échappe encore en partie à la surveillance et au contrôle des forces de
sécurité et de la justice. Dans ce domaine, les flux importants qui alimentent
les organisations structurées et qui font l’objet de mesures prises par l’ONU
et de recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) ne sont pas
seuls en cause : le micro-financement des départs vers la zone syro-irakienne
d’individus ou de petits groupes - quelques centaines d’euros tout au plus
suffisent pour faire le voyage jusqu’à la frontière syrienne – constituent un
nouveau défi pour les services de sécurité, au premier rang desquels Tracfin.
Enfin, votre commission d’enquête a accordé une attention
particulière à la coopération antiterroriste entre pays-membres de l’Union
européenne ainsi qu’à la coopération entre notre pays et les États-Unis
d’une part et la Turquie d’autre part.
Lors de son déplacement à Bruxelles, une délégation de votre
commission d’enquête a ainsi pu prendre la mesure de la mobilisation des
instances
communautaires et
de plusieurs
des
États-membres
particulièrement impliqués dans la lutte antiterroriste, tout en relevant des
failles dont certaines devraient être prochainement réduites – il en est ainsi
des insuffisances du contrôle aux frontières de l’espace Schengen ou de
l’absence de PNR à l’échelle de l’Union européenne - tandis que d’autres
appellent des évolutions plus profondes, comme une coopération accrue
entre les services de renseignement des États membres. En tout état de cause,
les filières djihadistes constituent bien un défi pour l’ensemble des pays
de l’Union européenne et s’en tenir à des mesures purement nationales
reviendrait à renoncer à toute efficacité.

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