14 juillet 2018

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

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défense. Dans le cadre de la coopération structurée permanente, il sera notamment nécessaire de poursuivre la
concertation avec nos partenaires européens afin de dégager une vision commune des objectifs de cette coopération
et de conférer aux projets futurs développés dans le cadre de la coopération structurée permanente une portée
opérationnelle.
Pour être couronnées de succès, ces coopérations européennes devront avoir été précédées de la définition
politique précise de leur cadre de réalisation : expression claire des besoins à travers un cahier des charges faisant
l’objet d’arbitrages politiques pour éviter la simple juxtaposition des besoins des armées des pays participants ;
détermination d’un calendrier précis ; et dépassement de la logique du « retour géographique » au profit d’une
logique de pertinence industrielle et de reconnaissance à leur juste niveau des compétences de chaque pays
participant au projet.
Le renforcement de notre autonomie stratégique nécessite aussi notre implication marquée sur le plan
multilatéral, notamment à l’OTAN, à l’ONU ou sur des initiatives spécifiques, comme le G5 Sahel au travers de
l’appui renforcé à la force conjointe régionale.
Ces initiatives multilatérales sont complémentaires des relations bilatérales que nous entretenons avec nos
partenaires, notamment allemand, avec la feuille de route commune ambitieuse résultant du conseil des ministres
franco-allemand du 13 juillet 2017, britannique, avec le traité de Lancaster House, et américain. Elles le sont
également en matière de lutte commune contre le terrorisme jihadiste. L’aptitude de l’Italie et de l’Espagne à se
déployer avec un large spectre de capacités justifie un approfondissement des relations bilatérales. Un accent
particulier sera également porté sur le développement de coopérations avec d’autres partenaires européens (en
particulier ceux identifiés dans le cadre de l’Initiative européenne d’intervention) se caractérisant par une
convergence de vision stratégique, des engagements récurrents sur les mêmes théâtres d’opérations que la France et
qui pour certains, disposent de capacités de niche sur des segments déficitaires mais nécessaires. Le réengagement
de la France vers les pays du Nord et de l’Est de l’Europe a été amorcé et doit être pérennisé et valorisé, tout
comme l’implication de la France en faveur de la sécurité européenne, au Sud comme au Nord et à l’Est, de la mer
Baltique à la mer Noire.
Au-delà, les partenariats stratégiques noués en Asie et dans la région Pacifique, participent également de cette
ambition de partage d’une vision de la sécurité internationale. La France a noué des partenariats stratégiques
majeurs avec l’Inde et l’Australie, qui sont structurants et de longue durée. La France accompagne également le
Japon dans son effort d’engagement international accru sur les questions de défense et de sécurité.
La protection de nos intérêts économiques et de nos ressortissants, l’assistance apportée à nos partenaires et la
préservation de nos marges de manœuvre politico-militaires seront facilitées par l’établissement de ce cadre
rénové, qui doit aussi conduire à un ajustement de nos actions de coopération. A cet égard, la France devra
poursuivre le développement de ses partenariats stratégiques en Afrique, au Moyen-Orient ou dans la région
indopacifique, qui sont prioritaires.
Dans le cadre du rééquilibrage des fonctions stratégiques au profit de la « connaissance et anticipation » et
« prévention », cette volonté de coopération avec nos partenaires et alliés, notamment européens sera approfondie.
Ainsi, les armées françaises capitaliseront sur des capacités discriminantes à forte valeur ajoutée, pouvant jouer un
rôle moteur, voire fédérateur dans des coalitions, en s’appuyant sur l’accélération de l’arrivée de matériels
nouveaux et le renforcement de la préparation de l’avenir.
Il s’agit notamment de faire un effort particulier au profit des capacités permettant de susciter un effet
d’entraînement au profit de nos partenaires, comme les moyens de renseignement stratégique et militaire, les
capacités de cyber, le groupe aéronaval ou les capacités de commandement, et sur les capacités rares chez plusieurs
de nos partenaires, comme les capacités d’action dans l’espace exoatmosphérique, de coordination I3D (14), de
SEAD (15) ou les missiles de croisière ainsi que la défense aérienne élargie.
Le rôle réaffirmé de la fonction « prévention » des armées permettra à la France de demeurer fidèle à ses
engagements internationaux, afin que ses alliés puissent continuer de compter sur elle en toutes circonstances. Cet
effort s’inscrira dans le cadre d’une approche globale consolidée, alliant sécurité, développement et diplomatie, au
service de la paix.
Essentielles à l’Initiative européenne d’intervention, ces coopérations opérationnelles permettront de dynamiser
la relation avec ceux de nos partenaires européens qui ont la capacité et la volonté de s’engager dans des opérations
dans le voisinage de l’Europe, que ce soit au Sud, à l’Est ou au Nord. Dans ce cadre, l’interopérabilité entre armées
européennes constitue un facteur clé de succès, notamment pour les missions les plus exigeantes ou pour le soutien
à nos opérations.
Le renforcement des capacités de prévention, notamment sur le continent africain, permettront à l’horizon de
l’Ambition 2030, d’accroître la réactivité des armées, de renforcer ainsi la sécurité régionale et de contribuer à la
capacité de la France à tenir sa place dans le monde. L’attractivité de cette offre reposera sur une cohérence
régionale, en phase avec la volonté des partenaires de faire face aux menaces sécuritaires de ces régions, et sur
l’objectif de contenir localement les menaces potentielles pour l’Europe. Elle s’appuiera, d’une part, sur la qualité
et la cohérence de notre dispositif prépositionné, qui comprend nos forces de présence et de souveraineté (Afrique,
EAU, DROM – COM) et, d’autre part, sur un renforcement des capacités de financement européennes et
internationales en soutien des secteurs de défense des pays africains, pour leur permettre d’assurer eux-mêmes leur
propre sécurité.
L’appui militaire français aux armées partenaires peut s’inscrire dans plusieurs chaînes de commandement et
prendre plusieurs formes, dont les dynamiques doivent converger au sein d’un concept de partenariat militaire
opérationnel (PMO). Par ailleurs, en cohérence avec le renforcement du PMO, il sera procédé au complément
nécessaire de dotation des parcs RECAMP (renforcement des capacités africaines de maintien de la paix).

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