14 juillet 2018
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
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commune. Pour ce faire, la LPM prévoit un effort particulier sur le rééquilibrage des fonctions stratégiques et sur
les coopérations, qui consiste en particulier à renforcer les fonctions « connaissance et anticipation » et
« prévention ». Il s’agit ainsi de mieux comprendre les enjeux et d’anticiper les crises, de mieux les prévenir et les
gérer selon une logique d’approche globale.
En mettant en avant ces deux fonctions, et en développant notamment ses moyens de renseignement ou de
prévention des crises en Europe ou sur d’autres continents, les armées capitaliseront ainsi sur des capacités
discriminantes, à forte valeur ajoutée pour nos alliés dans le cadre de coopérations ou de coalitions internationales.
Cela permettra ainsi à la France de jouer un rôle moteur, voire fédérateur, dans le renforcement de l’Europe de la
défense.
Ce rééquilibrage vise également à répondre à des menaces ou à des scénarios d’intervention plus diversifiés,
qu’il s’agisse de faire face à des modes d’action adverses ambigus, notamment dans les espaces cyber et
exoatmosphérique, ou à agir dans des environnements moins permissifs.
3.3.1. Accentuer notre effort en matière de connaissance, d’anticipation et de prévention
Le renforcement de la fonction « connaissance et anticipation » permet à la fois une meilleure compréhension
des causes et conséquences des crises, de mieux en appréhender les enjeux et d’apporter les réponses les mieux
adaptées à leur résolution dans le court et dans le long terme. En outre, l’effort au profit de la fonction
« prévention » permet de réduire les facteurs de tension, en amont des crises, et de limiter ainsi le recours à des
interventions lourdes.
La fonction « connaissance et anticipation » est une priorité de l’Ambition 2030 qui accentue encore l’effort déjà
initié sur le renseignement. Cet effort intégrera l’acquisition d’équipements supplémentaires de collecte et
d’exploitation de données, le renforcement des capacités humaines et technique de traitement de ces données et le
renforcement de la recherche humaine, afin de mieux anticiper les évolutions liées à la nouvelle donne stratégique.
Il portera aussi sur l’amont, du point de vue de la recherche scientifique et universitaire, avec une attention
particulière accordée au développement des études sur la guerre.
Le renseignement est également un enjeu de coopération. En effet, la mise à disposition de capacités nationales
et le partage de l’information constituent un véritable levier d’influence et un facteur de crédibilité au sein des
coalitions. Ces capacités permettent en outre de maîtriser l’emploi de nos moyens et d’optimiser nos processus de
ciblage. Les capacités de renseignement, mises à disposition de nos partenaires, constituent un outil stratégique à
haute valeur ajoutée, apprécié de nos partenaires dans le cadre d’une coalition.
L’efficacité de cette fonction s’appuie, de même, sur des capacités de veille stratégique, sur la maîtrise et le
traitement automatisé de l’information ainsi que sur de nouveaux moyens de surveillance et d’interception
électromagnétique. La mutualisation de capacités techniques interministérielles essentielles est poursuivie et
approfondie.
En outre, l’Ambition 2030 intègre la nécessité de rendre son importance à la fonction « prévention ».
Indissociable des formats de coopération internationale, l’action de prévention contribuera à la stabilisation des
zones présentant un enjeu direct pour nos intérêts de sécurité. S’inscrivant naturellement dans le cadre d’une
approche globale, elle s’appuie sur une coordination étroite entre les armées et l’action diplomatique, mais aussi
sur la mobilisation de capacités humaines et financières interministérielles, multinationales, voire privées dans les
cas pertinents.
Dans cet objectif, nos forces de présence et de souveraineté sont prépositionnées pour accroître leur réactivité et
notre influence dans le monde. Cette évolution visera en particulier à accompagner des solutions africaines de
sécurité en renforçant les deux pôles opérationnels de coopération africains, en proposant d’y accueillir des unités
européennes et en initiant des capacités militaires en matière de santé et de soins avec les Etats européens
volontaires, là où nos forces sont engagées. En complément, le renforcement de la participation française aux
dispositifs garantissant leur sécurité aux Européens en cas de crise sera initié.
Ce rééquilibrage ne remet pas en cause la distinction entre les fonctions qui sont préservées.
3.3.2. Développer une politique volontariste de coopération européenne et internationale
Dans un environnement stratégique plus instable et imprévisible qu’anticipé, il est indispensable de renforcer les
liens qui nous unissent à nos partenaires à travers le monde, dans les cadres multilatéraux – notamment
européens – comme bilatéraux. Mettre en œuvre une politique volontariste de coopération européenne et
internationale impose de concevoir un cadre d’action rénové.
Le renforcement de notre autonomie stratégique passe en particulier par un renforcement de l’Europe de la
défense, au moyen de propositions pragmatiques et concrètes. C’est le sens de l’Initiative européenne
d’intervention (IEI) voulue par le Président de la République qui doit permettre de construire une culture
stratégique commune.
En la matière, les diverses initiatives que sont la Revue annuelle coordonnée de défense, la coopération
structurée permanente et le Fonds européen de défense se renforcent entre elles, afin de créer une dynamique
permettant de développer les capacités militaires européennes dans un cadre collectif, d’inciter à la consolidation
de l’industrie de défense par la coopération et de faire naître une véritable autonomie stratégique européenne. Avec
le Fonds européen de défense, l’Union européenne financera pour la première fois depuis sa naissance des actions
dans le domaine de la défense et de la sécurité, ce qui constitue un tournant majeur. La crédibilité de ce nouvel
instrument requiert le développement d’un réflexe européen dans la conduite de notre politique industrielle de