14 juillet 2018
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
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2.2. Des contrats opérationnels et des formats au service de l’Ambition 2030
Sur le plan opérationnel, l’Ambition 2030 se définit par un certain nombre de contrats qui se déclinent selon les
cinq fonctions stratégiques, la mutualisation des capacités rares et critiques devant être maintenue.
Dans un environnement opérationnel toujours plus exigeant, le modèle d’armée, complet et équilibré, défini par
l’Ambition 2030, doit permettre d’atteindre les effets militaires recherchés sur la totalité du spectre des menaces et
des engagements possibles, y compris les plus critiques, mais le modèle restera dynamique pour s’adapter à
l’évolution des conflits.
2.2.1 Une Ambition déclinée en contrats opérationnels
Les armées doivent ainsi être capables d’assurer les postures permanentes de dissuasion, de sûreté et de
protection du territoire national, de renseignement stratégique, de cyberdéfense, ainsi que de conduire des
opérations de stabilisation, de contre-terrorisme ou de contre-insurrection et de s’engager, y compris sur très faible
préavis, en opération de haute intensité, dans les milieux terrestre, maritime ou aérien, et d’opérer dans les espaces
exoatmosphérique et numérique.
En matière de gestion des crises et d’intervention, les armées pourront être engagées dans la durée et
simultanément sur trois théâtres d’opération, avec la capacité à assumer le rôle de Nation-cadre sur un théâtre et à
être un contributeur majeur au sein d’une coalition.
En termes de volume cumulé de forces, pourront ainsi être mobilisés :
– un état-major interarmées de niveau stratégique, un état-major de niveau opératif et les systèmes de
commandement associés, ainsi que des moyens de renseignement interarmées, de guerre électronique, de
soutien santé, munitions et pétrolier, cyber et soutien de l’homme adaptés aux opérations menées ;
– l’équivalent d’une brigade interarmes (6 000 à 7 000 hommes), incluant 4 groupements tactiques interarmes
(GTIA), équipés de blindés modernisés, 1 bataillon du génie, 1 à 2 groupements d’artillerie, 1 à
2 groupements aéromobiles, 1 groupement de renseignement multi-capteurs, 1 groupement de transmissions
et jusqu’à 3 groupements logistiques ;
– le porte-avions (hors arrêt technique majeur) avec son groupe aérien, ainsi que des capacités amphibies
incluant 1 à 2 bâtiments de projection et de commandement (BPC). Les escortes incluront jusqu’à 6 frégates et
un patrouilleur, jusqu’à 3 avions de patrouille maritime (ATL2), 1 à 2 pétroliers ravitailleurs, 1 sous-marin
nucléaire d’attaque et 1 groupe de guerre des mines. Ces moyens s’appuient sur les éléments constituant
l’échelon national d’urgence (ENU) ;
– 2 à 3 bases aériennes projetées incluant leur poste de commandement air (PC Air), 14 avions de chasse,
4 avions de ravitaillement en vol MRTT, 5 avions de transport tactique, jusqu’à 6 systèmes de drones
moyenne altitude longue endurance – MALE (dont l’armement programmé permettra d’élargir le champ
d’emploi opérationnel), 1 à 2 avions de guerre électronique, 1 plot d’hélicoptères de manœuvre pour les
missions de recherche et sauvetage au combat (RESCO) et jusqu’à 7 avions légers de surveillance et de
reconnaissance (ALSR) ;
– pour les forces spéciales, 2 groupements et un détachement de forces spéciales, 2 plots hélicoptères et des
avions de transport tactique.
Les armées devront pouvoir également être engagées dans une opération majeure de coercition, tout en
maintenant un niveau d’engagement adapté sur les théâtres de gestion de crise déjà ouverts. Dans ce cadre, les
armées devront être capables de mener, en coalition, sur un théâtre d’engagement unique, une opération à
dominante de coercition, dans un contexte de combats de haute intensité. Elles pourront assumer tout ou partie du
commandement de l’opération et auront la capacité, dans les trois milieux, de participer à une opération d’entrée en
premier sur un théâtre de guerre. Cette hypothèse d’intervention se caractérise par un engagement majeur aux côtés
de nos alliés.
La France pourra ainsi déployer :
– un état-major interarmées de niveau stratégique, un état-major de niveau opératif et les systèmes de
commandement associés, ainsi que des moyens de renseignement interarmées, de guerre électronique, une
capacité de commandement d’un groupement de soutien interarmées de théâtre intégrant les soutiens santé,
munitions et pétrolier, cyber et soutien de l’homme adaptés aux opérations menées ;
– une capacité de commandement terrestre de niveau corps d’armée (CRR-FR [1]), et les moyens organiques de
nature à permettre d’assumer les responsabilités de Nation-cadre correspondant au niveau divisionnaire
(systèmes de commandement, renseignement, logistique…). Jusqu’à 2 brigades interarmes représentant
environ 15 000 hommes des forces terrestres, mettant en œuvre près d’un millier de véhicules de combat (dont
environ 140 LECLERC, 130 JAGUAR et 800 véhicules de combat d’infanterie), 64 hélicoptères et
48 CAESAR, susceptibles d’être renforcées par des brigades alliées pour constituer une division de type
OTAN ;
– une capacité de commandement d’opérations aériennes de type Joint Force Air Command (JFAC), jusqu’à
45 avions de chasse hors groupe aérien embarqué, 9 avions de transport stratégique et de ravitaillement,
16 avions de transport tactique, 4 systèmes de drones armés, jusqu’à 4 avions légers de surveillance et de
reconnaissance (ALSR), 2 à 3 bases aériennes projetées, des moyens de défense anti-aérienne de théâtre, des
moyens de sauvetage au combat ;