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Administrativement et pratiquement, la pose d'une écoute
n'est pas immédiate et son exploitation suppose un travail manuel
assez long. Elle est, de plus, soumise à un double contrôle : celui
du cabinet du Premier Ministre avant la mise en place de la
« bretelle », celui de l'agent des P. T. T. sur les répartiteurs,
quand le branchement est effectué.
Cependant, les progrès techniques réalisés dans les procédés
d'écoute, s'ils doivent se généraliser, offrent des perspectives très
inquiétantes pour les libertés publiques. Quelle autorité, en effet,
pourra autoriser et contrôler l'utilisation et l'exploitation d'instruments tels que les micros directionnels ultra-sensibles, les « pastilles
électroniques », les micro-balles, etc... ? Ne risque-t-on pas de voir
se développer les écoutes de la façon la plus anarchique, n'importe
qui ayant, dès lors, la possibilité d'écouter qui il veut ? Ces nouveaux
procédés permettent la constitution des « écoutes sauvages » par
lesquelles un simple particulier surveille les communications d'un
autre abonné.
Plus graves encore seraient les conséquences d'un tel développement s'il devait se conjuguer avec les divers fichiers électroniques que les services de sécurité établissent depuis une date
récente. Nul n'ignore, en effet. que la Police judiciaire dispose d'un
ensemble de « terminaux » reliés à un ordinateur, qui leur permettent d'obtenir instantanément des informations sur les personnes recherchées. Plusieurs fichiers ont été «engrangés » dans la
mémoire de cet ordinateur et des expériences en cours permettront
de constituer un gigantesque fichier central, rassemblant les dossiers des différents services de police et confié à un ordinateur
de grande capacité relié lui-même par fil aux services régionaux
de police judiciaire ; la circulation et la confrontation des renseignements seront ainsi quasi-instantanées sur l'ensemble du territoire.
On imagine facilement l'usage qui pourrait être fait des
informations recueillies par des écoutes modernisées, ainsi que
Par tout autre moyen de surveillance, lorsqu'elles seront traitées
par l'informatique et on devine que des lois et règlements ne
suffiront peut-être pas à protéger les citoyens contre un Etat
disposant des possibilités que lui offre l'électronique.
Dans le rapport annuel de la Cour de cassation, des personnes
aussi éminentes que M. le Premier président Aydalot et M. le Procureur général Touffait n'ont pas hésité à souligner que les progrès