des expériences et des opinions des citoyens en matière de sécurité. Les
habitants sont en attente des suites données à un problème de sécurité
constaté dans leur quartier. Si les modalités d’action de la police de sécurité
du quotidien intègrent cette demande, encore faut-il déployer des outils
de mesure et d’évaluation à la disposition des décideurs, des services
opérationnels et du grand public.
À cet égard, la création d’un service statistique ministériel sur la sécurité
intérieure (SSMSI) en octobre 2014 a permis d’améliorer la qualité
statistique des productions conformément aux règles en vigueur à l’INSEE
et dans le service statistique public, de garantir l’objectivité des données
produites à partir des traitements et des applications « métier » et de
faire converger progressivement les pratiques en matière d’enregistrement
des faits. Elle permet également peu à peu d’intégrer la vision externe
et complémentaire fournie par les enquêtes statistiques auprès de la
population, sur la victimation, le sentiment d’insécurité et la satisfaction à
l’égard des services. La statistique publique du ministère est ainsi produite
en toute indépendance, conformément au code des bonnes pratiques de
la statistique européenne.
Après ce premier changement d’ampleur, une nouvelle ambition est de
parvenir à développer la production et la publication régulière de données
et d’études statistiques labellisées et indépendantes, connectées aux
réalités des territoires et à l’expérience des citoyens, compréhensibles de
la population et utiles aux décideurs et acteurs de la sécurité sur le terrain
ainsi qu’à la communauté des chercheurs et au grand public.
La vision plus fine, plus complète, plus objective et plus comparative
que réclament les citoyens, les élus et les autorités suppose à présent de
procéder à une rénovation de la classification statistique en vigueur tout
en permettant des comparaisons internationales et à une actualisation de
la méthodologie qui prennent pleinement en compte les évolutions de la
délinquance, du corpus juridique, des pratiques professionnelles et des
traitements de données.
La fiabilisation des données recueillies, la prise en compte des signalements
notamment via les plateformes Internet et la labellisation d’indicateurs
pertinents qui répondent aux besoins des forces de sécurité intérieure
fondent l’efficacité de leurs actions, en tout point du territoire. Ainsi, les
informations statistiques mises à leur disposition doivent mieux couvrir le
spectre et l’intensité de toutes les formes de la délinquance qu’elle soit
criminelle, délictuelle ou contraventionnelle, et tous les domaines de la
sécurité intérieure de manière harmonisée. Dans une approche favorisant
davantage la prévention, l’analyse de la délinquance, examinée dans son
ensemble et rapportée aux indicateurs de contextualisation (réponse
pénale, chômage, emploi, scolarité, fiscalité, sociologie, économie,
environnement, santé publique), doit désormais dépasser une mesure
seulement quantitative pour s’intéresser davantage aux modes d’action et
aux éléments d’environnement qui contribuent à en limiter la commission.
De ce point de vue, l’intégration des contraventions dans le périmètre
des analyses statistiques sur la sécurité publique revêt une importance
particulière en raison non seulement des volumes de faits qu’elles
totalisent mais aussi de leur nature. Parce qu’elle affecte le cadre de vie et
la tranquillité de la population, dans tous les registres de la police générale
(vols, dégradations, nuisances, violences aux personnes) et des polices
spéciales (atteintes à l’environnement, à l’urbanisme, à la santé publique,
fraudes), la délinquance contraventionnelle est le ferment de la perception
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