La présence de déserts médicaux rendra plus aiguë la problématique du
secours à personne, qui aujourd’hui représente déjà plus de 80% de l’activité
des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), après avoir
connu une forte augmentation (+50% sur les dix dernières années). A
l’égard des services de sapeurs-pompiers, premiers et souvent derniers
recours, l’attente des populations (notamment les plus vulnérables) est
donc appelée à croître fortement.
Face à ces sujets, il faut aussi tenir compte de dynamiques à l’œuvre qui
varient selon les territoires : au contraire de la tendance nationale, certains
territoires ultramarins voient leur population augmenter très fortement
avec une représentation parfois majoritaire de la jeunesse (54 % de la
population Mayotte et 42 % de celle de Guyane a moins de 19 ans). Ces
territoires représentent un enjeu tout particulier comme ils concentrent de
nombreuses difficultés : chômage (taux 2 à 4 fois plus important que celui de
la métropole selon les territoires), PIB par habitant très faible, banalisation
de la violence (le taux d’homicide en Guyane est le plus élevé de France(6),
les faits de violence à l’égard des forces de sécurité intérieure à Mayotte ont
augmenté de 56 % entre 2018 et 2019), immigration forte (plus de la moitié
des reconduites à la frontière sont effectuées en Guyane et à Mayotte,
qui accueillent près de 50 % de la population de nationalité étrangère
présente en France), criminalité organisée (narcotrafic, orpaillage illégal,
pêche illégale), risques naturels majeurs (risques sismiques, cycloniques,
submersion marine notamment), éloignement de la métropole.
Les quartiers sensibles se distinguent aussi par leurs caractéristiques
démographiques. Les quartiers de reconquête républicaine (QRR) comparés
à leurs aires urbaines respectives font ainsi apparaître une population plus
jeune (pour trois quart des QRR, les 15-24 ans y représentent un plus grande
proportion des habitants), des structures familiales plus fragiles (nombre de
familles monoparentales supérieur d’un tiers), une plus grande proportion
de population immigrée (deux fois supérieure) et des indices de pauvreté
plus marqués (les taux de pauvreté et de logements sociaux sont deux fois
plus élevés). Les difficultés socio-économiques y sont tout aussi prégnantes
et peuvent être à l’origine de mouvements de forte tension. Ceux-ci sont
accentués par une perception des forces de l’ordre très négative et encore
très souvent exclusivement associée à la répression.
La société française est inscrite dans le mouvement de mondialisation
qui se traduit notamment par des migrations internationales. Celles-ci,
par l’interpénétration des cultures et des modes de vie qu’elles suscitent,
ne sont pas sans répercussions locales et sont sources d’inquiétudes,
d’incompréhensions et de tensions. Ces évolutions se manifestent par
exemple dans la résurgence du fait religieux dans l’espace public. Bien
souvent ce sont des controverses ou des événements tragiques qui
ramènent ces questions au cœur du débat dans une société française
sécularisée (différentes études réalisées montrent que près de 60 % des
Français se déclarent « sans religion », soit un doublement en 40 ans). Ces
évolutions ont conduit le ministère de l’Intérieur à porter une attention
particulière aux phénomènes de radicalisation religieuse afin de prévenir
les actes de violence qu’elle peut générer.
2.1.2. Le rapport à l'information et aux institutions se transforme
6
Environ 0,1 homicide pour 1 000 habitants en Guyane contre 0,01 en moyenne
nationale (source : ministère de l’Intérieur – SSMSI).
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