Livre blanc de la sécurité intérieure

Transformation spatiale, transformation sociologique
La recomposition du territoire suit les évolutions de la démographie
française, qui connaît des mutations profondes depuis plusieurs
décennies. Il s’agit d’un double mouvement à la fois de densification et de
désertification de certaines parties du territoire, qui affecte en profondeur
la répartition de la population à l’échelle nationale. La France est composée
de territoires divers en pleine transformation. Le fait urbain s’affirme avec
une atténuation forte de la distinction entre villes et campagnes (selon
l’INSEE, 85% de la population réside dans les « aires urbaines », 95% vit sous
l’influence des villes). La population croît majoritairement dans les espaces
périurbains, avec une évolution démographique qui se fait au détriment
des « villes centres ».
Cette redistribution s’accompagne de nouveaux enjeux. D’abord parce
que les besoins des populations en matière de services se développent,
marqués par une uniformisation des modes de vie et de consommation sur
des territoires aux caractéristiques très différentes.
Les questions de mobilité sont également un enjeu fort et émergent : de
nombreux facteurs économiques (prix de l’immobilier, organisation du
travail) suscitent des mouvements pendulaires et de nouveaux besoins en
matière de sécurisation des transports et des voyageurs.
Enfin, la question des quartiers sensibles persiste, avec un risque nettement
plus élevé pour leurs habitants d’être confrontés à la délinquance et la
violence qu’elle engendre(5).
Des populations vulnérables
Depuis la publication du précédent livre blanc en 2012, les grandes
tendances démographiques se sont confirmées. Le vieillissement de la
population française s’accélère. Selon l’INSEE, les personnes âgées de 60
ans et plus sont aujourd’hui 15 millions (soit près de 23 % de la population) ;
elles seront 18,9 millions en 2025 et près de 24 millions en 2060. Le nombre
de personnes de plus de 85 ans va plus que tripler d’ici 2050, passant de
1,4 million aujourd’hui à plus de 4,8 millions. A l’inverse, la proportion des
jeunes âgés de moins de 20 ans a reculé de près de 2 points pour s’établir
à environ 1/4. L’âge, s’il n’est pas le seul facteur (le niveau d’éducation, la
situation d’emploi, les conditions matérielles de vie), explique en partie
le sentiment d’insécurité. Les études font en effet apparaître que ce
sentiment est plus fort chez les catégories de population âgées de 60 ans.
Une démographie vieillissante peut donc conduire à une attente plus aiguë
de sécurité. Elle influe également sur les modalités de réponse aux besoins
de la population tant en termes de sécurité que de secours : disponibilité
des services (temps de réponses), modalités de contact (accueil physique
et numérique), spécificités des interventions (les agressions et accidents
corporels des personnes âgées peuvent être moins nombreuses en valeur
absolue ou fréquentes que chez les jeunes, mais plus graves).
Pour les services chargés de la sécurité civile, le défi est considérable et
nécessitera une adaptation conséquente des moyens humains et matériels
pour prendre en compte une population plus âgée.
5
En France métropolitaine hors Paris intramuros, les circonscriptions de sécurité
publique possédant au moins un QRR concentrent environ 40 % de la délinquance
enregistrée.

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