essentielle sans laquelle la seule action publique face aux crises ne peut avoir
d’effet que limité. En effet, comme l’a démontré la crise de la COVID-19
en 2020, les forces de sécurité intérieure ne peuvent agir seules, d’autant
qu’elles peuvent elles-mêmes être perturbées par les effets des crises.
De plus, les menaces et les risques tendent à l’hybridation (risques naturels,
sanitaires, industriels, cyber, troubles à l’ordre public, etc.) et se montrent
évolutifs, engendrant des crises complexes qui rendent nécessaire de
décloisonner toujours plus l’action de l’État et de conforter et renforcer les
facultés collectives de préparation et de gestion de crise.
Un consensus scientifique existe aujourd’hui pour considérer que le
réchauffement climatique entraînera une augmentation du niveau
d’exposition de la population aux risques naturels, surtout à moyen et
long termes, mais d’ores et déjà dans un horizon beaucoup plus proche
(vagues de chaleur, sécheresses agricoles, pluies extrêmes, inondations,
incendies, feux de forêt, cyclones, submersions marines, risques sismiques
particulièrement en Outre-mer, migrations climatiques).
La question des risques engendrés par la proximité de zones industrielles
avec des bassins de population parfois densément peuplés reste
prioritaire. La France compte environ 500 000 établissements relevant de
la législation des installations classées. Des accidents aux effets thermiques
(explosion...), mécaniques (onde de choc…) ou toxiques (inhalation de
substances...) peuvent porter atteinte à la santé humaine, aux biens ainsi
qu’à l’environnement.
Habitué et préparé à la gestion des crises, le ministère de l’Intérieur
doit compléter la professionnalisation de ses personnels, notamment
dans le maillage territorial, et développer des capacités d’action et des
organisations résilientes. Les préfets de zone de défense et de sécurité en
constitueront le pivot tandis que l’ensemble des services de l’État sous
l’égide des préfets de département, continueront d’assurer la conduite et
la coordination opérationnelle. L’ensemble des acteurs du continuum de
sécurité sera étroitement partie-prenante de la gestion de crise, de même
que le renforcement de la résilience de la population apparaît plus que
jamais nécessaire.

2. L’exigence de sécurité exprimée par une société en mutation devient
plus forte mais aussi moins consensuelle
2.1. La population attend un pacte de protection et de sécurité renouvelé
D’un point de vue étymologique, la notion de police est liée à celle de
l’art de gouverner la cité et par conséquent de l’ordre de la société et
de ses institutions. L’exercice de cette mission s’inscrit dans une société
caractérisée par des recompositions sociales et géographiques qui influent
sur la relation qu’elle entretient avec ses forces de sécurité. Dès lors, la
légitimité de l’action des forces de l’ordre sera d’autant mieux sécurisée
qu’elle prendra en compte les aspirations et les attentes de la population
à leur égard.

2.1.1. Les recompositions sociales et territoriales transforment la société
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