Livre blanc de la sécurité intérieure

administrations soumis aux cyberattaques d’ampleur variable) exposés à des
modes opératoires variés et mouvants (malveillances, vols et usurpations
de données ou d’identité, fraudes, criminalité organisée, entreprises de
déstabilisation et de désinformation, apologie du terrorisme).
L’État lui-même, dans l’exercice de sa mission régalienne de sécurité,
peut être ciblé et frappé par des attaques informatiques. Dès lors, il doit
conforter son dispositif de cyberdéfense et y consacrer à l’avenir des
moyens plus importants. En corollaire, le ministère de l’Intérieur doit quant
à lui consacrer une part plus importante de ses moyens, qui devront être
rationalisés et mutualisés, à la lutte contre la cybercriminalité.
Cela nécessite avant tout que la mesure de la cybercriminalité soit
améliorée. Malgré des progrès significatifs, elle constitue encore une
voie d’amélioration pour le ministère de l’Intérieur. En effet, l’absence de
nomenclature adéquate pour les dépôts de plainte ou de signalement est un
véritable frein à la connaissance fine et précise des faits de cybercriminalité.
Le déploiement de nouveaux téléservices dans ce domaine (Perceval pour
les fraudes à la carte bancaire, Thésée pour les escroqueries sur Internet)
contribuera à mieux connaître ces infractions et à améliorer la réponse
policière et judiciaire.
Les acteurs privés auront également un rôle à jouer en tant que cibles
des cyberattaques et membres de l’écosystème numérique. La sécurité
numérique de la Nation passe en effet par la mise en œuvre d’une sécurité
cyber par tous les acteurs. Celle-ci doit permettre une protection individuelle
des entités cibles de potentielles attaques et une sécurité collective dans
un espace numérique d’acteurs interconnectés. En outre, le secteur privé
est fournisseur de solutions de protection des systèmes d’information
au bénéfice de la population et des entreprises, des administrations. Ils
développent également des outils numériques pour les forces de sécurité
intérieure. Ils doivent également se protéger des menaces numériques afin
de préserver leur intégrité industrielle.
La dimension internationale de la cybercriminalité implique aussi
d’harmoniser les législations nationales et d’encourager la coopération
entre les Etats. A l’échelle européenne, la législation se construit
progressivement. Après le règlement général sur la protection des données
(RGPD) et la directive Network and Information Security (NIS), plusieurs
propositions de règlement concernent ces domaines, notamment celui de
l’accès transfrontalier à la preuve électronique pour les autorités pénales
qui constitue une piste d’avenir. En outre, la coopération technique
et opérationnelle se renforce, en particulier avec les pays sources de
cybercriminalité, mais aussi au sein des instances comme le centre
européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3) d’Europol, d’Eurojust ou
d’Interpol (IGCI).
1.2.5. 
Les crises se succèdent à un rythme soutenu et deviennent plus
complexes
Les dernières années montrent que la gestion de crise connaît une évolution
vers davantage de complexité avec la nécessité, de plus en plus fréquente,
de devoir assurer la prise en compte simultanée de plusieurs événements
majeurs pour la sécurité.
Cette tendance impose que la société française s’y prépare collectivement
car le civisme et la solidarité de la communauté nationale est une condition
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