Livre blanc de la sécurité intérieure
individus de retour de zone, illustrant la persistance de la menace exogène
importée, ou encore, en milieu carcéral, l’interaction entre détenus
terroristes islamistes (TIS) et détenus de droit commun radicalisés dont
l’élargissement renforce la menace endogène. Pour rappel, plus de 500
détenus TIS sont actuellement recensés, auxquels s’ajoutent un peu plus
de 700 détenus de droit commun susceptibles de radicalisation.
Enfin, les terroristes privilégient le plus souvent des modes opératoires
simples qui visent deux sortes de cibles : les cibles vulnérables (telles
que les populations civiles dans l’espace public quotidien) et les cibles
symboliques (par exemple les forces de sécurité, visées par douze attaques
sur le territoire national depuis 2017). En outre, plusieurs projets ont révélé
un intérêt accru pour l’usage d’engins explosifs improvisés, laissant redouter
des actions plus ambitieuses.
Malgré le tarissement des filières syro-irakiennes induit par la défaite militaire
de l’État islamique, l’efficacité des mesures d’entrave et la coopération
renforcée avec les autorités étrangères partenaires, et si les retours des
ressortissants ou résidents français encore sur zone restent encore limités,
le phénomène des revenants (« returnees ») demeure par ailleurs un enjeu
majeur en termes de sécurité intérieure.
En outre, l’État islamique peut toujours s’appuyer sur ses provinces
extérieures, ses réseaux et ses partisans à travers le monde pour diffuser la
menace dans l’attente d’une éventuelle reconstitution de sa capacité de
projection, pour l’heure réduite par son retour à la clandestinité au Levant.
Enfin, al-Qaïda, en concurrence avec l’État islamique pour le leadership du
djihad global, reste partie intégrante de la scène djihadiste internationale
et demeure, au niveau régional notamment, une source de menace en
raison de l’implication militaire de la France au Sahel.
1.2.2. es formes de criminalité organisée se recomposent et se complexifient
Le développement d’une criminalité économique et financière rémunératrice et de plus en plus tournée vers l’international se confronte à une
attente forte de l’opinion pour une réponse de l’autorité publique. Très
flexibles, les organisations criminelles ont investi tous les champs de la
délinquance et agissent à l’échelle des Etats en faisant un usage très maîtrisé
des nouvelles technologies. La réponse implique de mieux coordonner les
moyens de lutte contre le blanchiment ou la fraude fiscale avec la saisie des
avoirs criminels.
Le trafic de produits stupéfiants reste le premier champ d’intervention
de la criminalité organisée. Visible dans la vie quotidienne des quartiers, il
s’appuie sur des organisations internationales très structurées, qui utilisent
des méthodes sophistiquées et sans cesse renouvelées. La prédominance
du trafic de stupéfiants est à souligner, devant la traite des êtres humains,
le trafic de véhicules volés, le blanchiment, les vols par effraction et la
cybercriminalité.
À l’origine d’une délinquance connexe importante (règlements de comptes,
corruption, extorsions, blanchiment, trafic d’armes et de véhicules volés),
le trafic de stupéfiants est le premier marché criminel au niveau mondial et
constitue une menace majeure en termes de sécurité intérieure.
Ces champs infractionnels sont investis par des organisations criminelles
de taille et de puissance variables qui sont présentes sur l’ensemble du
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