suivi de leur activité virtuelle sur Internet et sur les réseaux sociaux, mais
aussi le contrôle de l’armement qu’ils détiennent légalement, ou encore
l’entrisme de la mouvance auprès des membres des services régaliens,
représentent des enjeux majeurs dans la lutte contre l’ultra droite afin de
prévenir tout passage à l’acte violent.
L’ultra-gauche, quant à elle, a confirmé sa capacité à exacerber les violences
lors des récents mouvements sociaux ou, dernièrement, les manifestations
des gilets jaunes. Cherchant à déstabiliser le « système », multipliant les
actions de sabotage et de dégradations à l’encontre des symboles de l’État
et de la société capitaliste, la mouvance tente ainsi d’infiltrer les mouvances
environnementalistes, animalistes, et plus largement, l’ensemble de la
nébuleuse contestataire. Alors qu’elle peine à agir seule et ne dispose pas
d’une force de frappe suffisante hors des mouvements de contestation
préexistants, sa doxa insurrectionnelle continue de séduire, fournissant
aux manifestants actifs, parfois violents, un savoir-faire maîtrisé et un socle
intellectuel et historique bienvenu. En outre, l’internationalisation des
luttes comme des réseaux d’activistes d’ultra-gauche renforce la menace
en raison du risque d’importation de savoir-faire, acquis notamment lors
de formations militaires ou de participation aux combats aux côtés des
milices kurdes déployées dans le nord de la Syrie. Dans cette perspective,
si les membres les plus radicaux de l’ultra-gauche n’ont pas encore franchi,
sur le territoire national, la ligne qui les sépare encore du terrorisme, le
courant reste porteur d’une menace réelle.
1.2. Les enjeux de sécurité dépassent les frontières nationales
1.2.1. Le risque terroriste s’inscrit dans la durée
La lutte contre le terrorisme et la radicalisation constitue un axe majeur
de l’action des forces de sécurité intérieure alors que la France demeure
une cible prioritaire pour les organisations djihadistes, en particulier
al-Qaïda et l’État islamique. La persistance de la menace terroriste à un niveau
élevé, son caractère protéiforme et endogène, ainsi que l’importance du
phénomène de radicalisation ont rendu nécessaire, ces dernières années,
des adaptations profondes du ministère de l’Intérieur.
Le risque terroriste d’origine sunnite demeure la principale menace
terroriste à laquelle est confronté notre pays. Depuis janvier 2015, la
France a subi près d’une vingtaine d’attaques terroristes, qui ont causé la
mort de près de 260 personnes et plusieurs centaines de blessés. Entre
2018 et 2020, plus d’une dizaine d’attaques, pour la majorité inspirées par
l’État Islamique, ont abouti sur le territoire national, provoquant la mort
d’une vingtaine de personnes. Deux attentats ont échoué et 12 ont été
déjoués. Le risque terroriste figure au premier rang des préoccupations de
la population selon l’enquête CVS de 2019.
La menace terroriste islamiste endogène reste dominante. Elle se traduit
par le passage à l’acte de sympathisants de la cause djihadiste, parmi
lesquels des individus frustrés, après un projet de départ entravé vers la
zone syro-irakienne, des terroristes inspirés par l’État islamique sans pour
autant avoir montré de velléités djihadistes avant leur passage à l’acte, et
des acteurs isolés qui nourrissent le caractère imprévisible de la menace.
D’autres vecteurs de la menace djihadiste ont par ailleurs été identifiés :
les individus présentant des fragilités psychologiques ou psychiatriques, les
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