Livre blanc de la sécurité intérieure
constante. Depuis dix ans, elles ont augmenté de près de 38 %, passant de
482 189 faits constatés en 2009 à 666 888 en 2019 (dont +23 % en 5 ans).
Elles s’exercent en particulier contre les personnes vulnérables, ainsi que
le montre la progression des violences constatées dans la sphère familiale,
telles les violences sexuelles et sexistes. La création d’une plateforme de
signalement des violences sexuelles et sexistes ainsi que l’ensemble des
mesures prises dans le cadre du Grenelle des violences faites aux femmes
constituent des axes de progrès qu’il faut souligner. Elles portent notamment
sur une mobilisation coordonnée des partenaires qui devrait rendre l’action
publique plus efficace pour l’accompagnement des victimes comme pour
la poursuite des auteurs.
Les citoyens réunis à l’Hôtel de Beauvau en janvier 2020 partageaient leur
point de vue « d’une perte des valeurs élémentaires de la vie sociale. Les
notions de civisme et de respect sont trop peu présentes et valorisées dans
notre société »(4). Ils définissaient trois degrés d’incivilités : celles dégradant
le rapport à l’autre, celles portant atteinte aux règles communes, celles
générant de la délinquance.
1.1.4. L'émergence de nouvelles formes de radicalités et de mouvances
subversives violentes constitue un défi supplémentaire
Concomitamment à la menace djihadiste, le pays est confronté à une
montée en puissance de tensions sociétales. Les modes de contestation
habituels – manifestations traditionnelles, initiatives syndicales – côtoient
désormais des modes d’actions moins structurés, générateurs de violences.
Les mouvements contestataires se sont ainsi développés, qui se manifestent
suivant des intensités différentes : lors de manifestations (mise en place
du cortège de tête en amont des cortèges syndicaux) par l’instauration
de zones de résistance (« Zones A Défendre » (ZAD)) ou encore par le
mouvement des « Gilets Jaunes ».
Se nourrissant de ce climat subversif les mouvances radicales se sont
confortées et les méthodes de l’ultra-droite et de l’ultra-gauche
traditionnelles sont désormais reprises par des groupuscules sans étiquette
politique. S’affranchissant des principes représentatifs traditionnels et
considérant comme légitime le recours à la violence, ces groupuscules ultra
sont susceptibles de porter atteinte aux valeurs et principes fondamentaux
de la République ainsi qu’à nos institutions, notamment par des actions
violentes, voire terroristes.
Concernant l’ultra-droite, la majorité des groupuscules créés en réaction
aux attentats islamistes de 2015 ont périclité, laissant le champ libre à
l’essor de mouvements néo-patriotes et néo-populistes virulents, fondés sur
Internet et agrégeant des individus aux profils atypiques et potentiellement
violents. Ces nouveaux groupuscules radicaux, imprégnés d’une rhétorique
anti-musulmane et anti-institutionnelle, se développent, à l’instar des
structures survivalistes qui tendent à regrouper davantage d’adeptes ou
de la mouvance néonazie qui tente de se renouveler. Parallèlement, un
suprématisme blanc d’influence américaine prospère désormais sur le
territoire national sous des formes de plus en plus décomplexées. Ainsi, la
détection d’acteurs isolés ou de cellules clandestines, notamment par un
4
En 2019, 74% des français ont le sentiment que « le savoir-vivre et la politesse » ne sont
« pas du tout » ou « plutôt pas » valorisés au sein de la société – Institut IPSOS pour France
mutualiste (2019).
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