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La contestation de l’autorité a laissé la place à des atteintes à l’autorité
(forces de l’ordre, élus locaux et nationaux), témoignant d’une désinhibition des
colères.
De manière générale, indépendamment de l’idéologie défendue, le recours
à la violence est décomplexé et son degré élevé. L’ultra-droite se singularise par une
appétence pour les armes létales.
Dans ce contexte, le nouveau schéma national du maintien de l’ordre,
présenté le 16 septembre 2020 par le ministre de l’Intérieur, confie aux services de
renseignement la charge « d’assurer un suivi dans la durée des mouvements
contestataires les plus radicaux, à l’origine d’actions violentes. Ce travail doit
permettre de déjouer des projets d’actions violentes au sein ou en marge des
manifestations, voire d’envisager la dissolution de certains groupes constitués
lorsque les conditions de droit sont réunies ».
Les mouvements de subversion violente constituent en effet une menace
réelle caractérisée par un recours décomplexé à la violence et parfois par une remise
en cause des principes fondamentaux de la République et des institutions. Au-delà
de l’idéologie violente qu’ils promeuvent, ces groupes constituent également un
risque au titre des oppositions qu’ils suscitent. Loin d’être tournés exclusivement
vers la remise en cause d’un système qu’ils dénoncent unanimement, ces
groupuscules violents restent également focalisés sur la lutte contre l’idéologie
adverse qu’ils n’hésitent pas à combattre physiquement par le recours à la violence.
Ces mouvances continuent à faire des émules au sein de populations jeunes et
volontaires, malgré les coups d’arrêt portés à une frange « historique » grâce aux
mesures de dissolution administrative qui ont pu être mises en œuvre.
La remise en cause de l’État tous azimuts entraîne la délégitimation de
l’État, le faisant apparaître comme un acteur bloquant qu’il convient de contourner
voire de combattre. Privé de son statut d’arbitre et donc de vecteur d’apaisement,
l’État laisse le champ libre à des individus désireux d’exprimer leurs idées et leurs
visions en dehors du cadre démocratique y compris en ayant recours à la violence.
Cette situation crée des lignes de fractures entre idéologies et pratiques
incompatibles pouvant aller jusqu’à l’affrontement physique : agriculteurs contre
défenseurs de l’environnement ou de la cause animale, identitaires contre tenants
d’une pratique rigoriste de l’Islam, mouvance anarcho-autonome contre les projets
d’aménagements ou de déploiement technologiques, affrontements entre
communautés étrangères… On a ainsi assisté, en juin 2020, à une véritable
expédition punitive menée dans un quartier de Dijon par environ 200 Tchétchènes
en représailles de l’agression de l’un des leurs.

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