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de tous nos citoyens ( …). Un accord punitif contre Londres constituerait un
acte calamiteux de la part de l’Union européenne qui se nuirait à elle-même »
Theresa MAY, Première ministre britannique
Les services de renseignement du Royaume-Uni existent depuis plus
d’un siècle. Le MI5, agence nationale dédiée à la sécurité intérieure, a été créé
en 1909 et dispose d’une expertise reconnue en matière de lutte contre le
terrorisme, du fait en particulier du conflit passé nord-irlandais. Les services
de renseignement britanniques ont développé une coopération très étroite avec
leurs homologues américains, canadiens, australiens, néo-zélandais, dans le
cadre de ce qui est communément appelé les « Fives Eyes ». L’appartenance à
ce club fermé qui comporte des avantages en termes de mutualisation de
capteurs et d’informations, mais aussi des contraintes s’agissant du partage
limité de renseignement à des nations tierces, pourrait s’analyser à premier
venue comme incompatible avec une coopération européenne plus soutenue
dans les domaines de la sécurité et de la défense. Il convient pourtant de
nuancer ce jugement.
Depuis 2015, le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe le plus
touché par le terrorisme, et le Gouvernement britannique a pris la mesure de
l’enjeu d’une coopération plus étroite dans le domaine de la sécurité
européenne, sans pour autant que celle-ci s’opère forcément dans le cadre de
l’Union européenne. C’est le fait que la coopération avec le Royaume-Uni soit
incontournable qui a d’ailleurs déjà pu conduire les Etats de l’Union à
accepter des compromis significatifs dans la mise en œuvre des outils, par
pragmatisme et dans un souci d’efficacité. Ceci explique que le Royaume-Uni
bénéficie d’un statut particulier au sein de l’Union, au regard de sa
participation à l’espace Schengen ou de la coopération en matière judiciaire.
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Les échanges, qui concernent de nombreux sujets, se concentrent
dernièrement sur la zone syro-irakienne qui s’est imposée depuis 2013 comme
la principale préoccupation commune du fait de la menace visant nos deux
pays, touchés de façon similaire par le phénomène des filières syriennes, le
Royaume-Uni étant le deuxième pays occidental le plus impacté, après la
France.
Au niveau multilatéral, le dispositif européen est d’autant plus
performant qu’il est utilisé par le Royaume-Uni. L’exemple du mandat d’arrêt
européen est révélateur ; En effet, si l’extradition de Rachid Ramda – sous le
régime des conventions d’extradition qui prévalait avant le mandat d’arrêt
européen – a abouti après neuf ans de procédure, celle du Britannique Jeremy
Forrest – encadrée par le régime du mandat d’arrêt européen – n’aura pris que
vingt-quatre heures. Au-delà de l’efficacité intrinsèque de l’instrument, le