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les policiers des SDIG sont parfois choqués de voir les gendarmes utiliser des
informations provenant de leur service au profit d’une production frappée du seul
timbre de l’Arme. Ils constatent également non sans une certaine amertume que
toutes les données ne leur sont pas transmises, à tel point que ce sont parfois les
préfets eux-mêmes qui les leur font connaître. On l’aura compris, les deux services
se livrent parfois à une néfaste concurrence, dans le but de réserver à l’autorité
préfectorale la primeur des informations importantes qu’ils ont pu, chacun de son
côté, recueillir.
Les préfets que la mission a interrogés confirment que la gendarmerie
produit le plus souvent une information brute, opérationnelle, factuelle, et plutôt
quantitative. Elle fournit en règle générale un éclairage sur une situation d’urgence
(ce qui justifie que les SDIG n’aient pas été associés à la démarche), sur des sujets
spécifiques à l’institution et par conséquent périphériques pour l’IG, ou encore sur
des données obtenues à partir de capteurs différents. Aux yeux des gendarmes, la
quête de rapidité dans la remontée des renseignements est de nature parfois à
justifier leur caractère parcellaire, voire leur manque de fiabilité. Pour autant, ils
jugent ces informations émanant du maillage des brigades complémentaires à
celles fournies par la SDIG, même si elles peuvent le cas échéant s’avérer
redondantes.
Ainsi, à l’évidence, la réforme, en raison de ses défauts originels, n’a pas
toujours généré une saine coopération. Au contraire, une compétition néfaste
semble s’être instaurée entre les deux forces, si bien que, dans certains
départements, la gendarmerie collabore plus volontiers avec le Renseignement
intérieur qu’avec l’Information générale. Et des événements d’une particulière
ampleur peuvent même contribuer à propager cette concurrence jusqu’aux plus
hauts échelons nationaux.
Même s’ils y ont été régulièrement invités, vos rapporteurs n’ont pas
souhaité énumérer la liste des griefs réciproques qu’ont pu formuler SDIG et
gendarmerie nationale, pas plus qu’ils n’ont cherché à se prononcer sur le
caractère fondé ou non de pareils reproches… Ils préfèrent se borner à constater
que ces rivalités découlent plus des vices consubstantiels à la réforme conduite
que de la mauvaise volonté des acteurs concernés, lesquels agissent animés par
une culture de corps dont on conçoit aisément la résilience.
En conséquence, le nécessaire parallélisme des formes en matière de
maintien de l’ordre public, l’existence de compétences gendarmiques spécifiques
ainsi que la nécessaire promotion d’un dispositif structuré et efficace plaident en
faveur de la reconnaissance à l’Arme d’une chaîne généraliste au sein du ministère
de l’Intérieur. Pareille démarche semble d’autant plus indispensable que le
rattachement des SDIG à la DDSP empêche les policiers, dans certains
départements, de couvrir l’étendue de leur territoire et des missions confiées. En
outre, les services de sécurité publique ont naturellement tendance à procéder à
une hiérarchisation des tâches favorable aux thématiques de la zone police et aux
problèmes d’ordre public. L’État ne saurait donc se priver de deux canaux