— 152 —

DCRI, le partage des équipements a pu s’avérer, en bien des circonstances,
inéquitable. Ainsi, le parc automobile des anciens Renseignements généraux a-t-il
été parfois attribué en totalité au Renseignement Intérieur. Certains SDIG se sont
dès lors retrouvés dépourvus de tout véhicule, et ceux dont ils pouvaient le cas
échéant espérer conserver l’usage ont été réaffectés à la sécurité publique dans son
ensemble. Un problème similaire s’est posé pour les sources humaines utilisées
par les anciens Renseignements généraux, dont la grande majorité a été transférée,
en même temps que les fonctionnaires, à la nouvelle Direction centrale.
Tout aussi problématique a été le partage des archives des Renseignements
généraux. Celles-ci ont fait l’objet d’un tri drastique, à tel point que Bernard
Squarcini a pu déclarer un peu légèrement que « tous les fichiers RG ont été
broyés » (1). En réalité, la mission a pu constater que, bien souvent, les personnels
affectés à la DCRI ont emporté avec eux leurs dossiers et leurs fichiers. Mais une
fois devenus la propriété de ce service, ils ont été classifiés et sont dès lors
devenus inaccessibles aux personnels des SDIG, ceux-ci n’étant pas habilités à
consulter des documents couverts par le secret de la défense nationale. Cette
situation a pu conduire, dans certains départements, à appauvrir de façon
considérable le fonds documentaire de l’information générale. Par exemple,
lorsque, fort logiquement, les personnels en charge de l’islam ont rejoint la DCRI,
les SDIG ont du même coup perdu toute espèce de données sur un sujet qu’ils
doivent pourtant en partie couvrir. La disparition de la mémoire des services en ce
qui concerne des pans entiers du champ de compétence des SDIG n’a
malheureusement pu être compensée par la mise en place de nouveaux outils
informatiques.
● Des moyens insuffisants au regard des missions
La qualité du travail des SDIG est en effet d’autant plus remarquable
qu’ils sont bien souvent confrontés à un réel dénuement matériel. Comme cela a
pu être indiqué à la mission, « nous travaillons avec des bouts de ficelle, du sang
et des larmes ». Les outils d’investigation les plus élémentaires semblent
notamment leur être partiellement déniés :
– Les surveillances, dont un service de renseignement de proximité a
nécessairement besoin, sont, dans les faits, extrêmement difficiles à mener. D’une
part parce que, pour des raisons évidentes de sécurité, ces opérations ne peuvent
être conduites par les mêmes personnels que ceux qui réalisent les prises de
contact habituelles. Ainsi, alors qu’elles s’avéreraient particulièrement utiles, « les
fonctionnaires de l’Information générale ne doivent recourir que de manière très
exceptionnelle aux surveillances et aux filatures » (2) en matière de dérives
urbaines. D’autre part, ces interventions peuvent nécessiter l’emploi de moyens
techniques, comme des appareils photos munis de téléobjectifs puissants, dont les
agents ne disposent pas toujours. Ces carences découlent la plupart du temps du
(1) Patricia Tourancheau, « Espionnage de journalistes : Squarcini dément, le doute subsiste », Libération,
4 novembre 2010.
(2) Note de service du 24 septembre 2009 de la direction centrale de la sécurité publique.

Select target paragraph3