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On soulignera également la complexité de l’action de renseignement
de terrain sur un théâtre comme le Levant en raison de la concomitance de
plusieurs types d’actions. Il faut en effet, tout à la fois, repérer et neutraliser,
afin d’assurer la sécurité intérieure, les centres de décision susceptibles de
commanditer des attentats terroristes ***, et identifier les réseaux familiaux
ou tribaux susceptibles de réoccuper le terrain perdu par Daech et de
constituer des forces vives pour apporter une solution à la crise syrienne et à
l’équilibre nécessaire à une paix durable en Irak.
2. La complexe problématique européenne
L’Union européenne a perçu l’importance de la menace terroriste
pour la stabilité des pays membres et la sécurité de leurs ressortissants.
Elle a développé ses compétences dans le domaine « justice et
sécurité » ce qui est nécessaire dans un espace de libre circulation des
personnes et des biens, mais dans une optique de protection maximale de ses
principes plus que dans une réponse aux menaces, la compétence répressive
restant entre les mains des États-membres.
a) L’institution d’un coordonnateur pour la lutte contre le terrorisme
L’Union européenne s’est donc très tôt orientée vers une démarche
collaborative et facilitatrice, avec par exemple l’institution d’un
coordinnateur européen pour la lutte contre le terrorisme.
Cette institution est probablement utile dans un certain nombre de
domaines prospectifs, mais elle est faible, sauf peut-être pour les pays ne
disposant pas de capacités fortes dans ce domaine du renseignement
opérationnel. Cependant n’ayant pas de capacités opérationnelles à offrir, il
est à craindre que cette instance puisse être dépassée par la coopération
directe entre les services des grands États qui ont des informations à
échanger et des capacités à mettre en œuvre.
La difficulté à organiser une coopération entre les services de
renseignement, autrement que par des accords bilatéraux, est patente. Elle
est également rendue complexe par l’hétérogénéité des modes d’organisation
des services et des législations en vigueur dans les différents États membres.
Sans doute, « n’est-il pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de
réussir pour persévérer ». Tout effort qui pourra conduire à l’établissement
de relations plus denses entre les différents services de renseignement
européen et à suivre le parcours de personnes soupçonnées de vouloir
commettre des attentats terroristes dans l’un ou l’autre des pays membres de
l’Union européenne constituera une avancée et l’amorce d’une pratique.