2) qu'en outre, ces deux fichiers (Police et Gendarmerie) s'autoalimentent réciproquement.
Il est donc probable que les renseignements de caractère discriminatoire qui, selon l'hebdomadaire précité, auraient été communiqués à un policier à l'occasion d'une demande de renseignements,
provenaient de documents de l'époque inclus dans le fichier général
et non point d'un « fichier des juifs » du type de ceux constitués,
ainsi que nous l'avons vu, à l'occasion de l'un de ces multiples
recensements généraux ou spéciaux dont a été victime la communauté juive sous l'occupation.
B — LE CAS DES « FICHIERS DU PERSONNEL » DÉTENUS PAR LES
ADMINISTRATIONS
La situation est similaire à celle qui vient d'être décrite, à
cette différence que la conservation des documents discriminatoires établis à l'époque a permis le plus souvent de procéder en
son temps à des reconstitutions de carrière, voire, actuellement
encore, à liquider des pensions de retraites.
Prenons l'exemple des investigations menées à titre de sondage, au ministère de l'Education nationale et dont voici les
conclusions :
- sous les réserves qui suivent, il n'existe ou ne subsiste aucun
registre central, aucune liste nationale des fonctionnaires qui, à
l'époque, furent l'objet de décisions d'exclusion en application de
la réglementation concernant les fonctionnaires juifs ;
- la sous-direction des pensions, décentralisée à La Baule, gère des
dossiers de pension qui, tous, sont postérieurs à 1948. Ils peuvent
contenir des documents permettant de rectifier ou reconstituer la
carrière de fonctionnaires, notamment dans le domaine des pen
sions ;
- dans certains cas, ces documents peuvent concerner des déci
sions individuelles prises à ['encontre de fonctionnaires juifs. Plus
que d'un fichier, il s'agit alors d'informations disséminées dans des
dossiers individuels de carrière ;
- dans certains fonds d'archives, on retrouve quelques liasses iso
lées de documents directement liés à l'application du décret du
3 octobre 1940. Il peut s'agir de listes d'enseignants, d'états nomi
natifs partiels de fonctionnaires appelés à cesser leurs fonctions
en application de cette réglementation (ex. : archives du CNRS, du
rectorat de Paris) ;
- ces « épaves » sont conservées aux Archives nationales ou, le
plus souvent, dans des dépôts intermédiaires ;
- nous n'avons pas trouvé trace de consultation de ce type d'ar
chives par les services de Police ou par les autorités judiciaires.
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