Contrôler et sanctionner / Contribuer à la régulation internationale / Anticiper et innover / Les sujets de réflexion pour 2013 / Annexes
de la communication et en sciences de
l’ingénieur en informatique, représentants
du monde de l’entreprise et d’associations
intervenant dans les domaines du numérique et/ou de la défense des droits des
personnes, etc.
Ces experts ont été interrogés sur :
Les incidences des principales évolutions technologiques, économiques et
sociétales dans le champ de la vie privée,
des libertés et des données personnelles ;
Les transformations, en cours ou à
venir, dans la relation des individus et de
la société à la vie privée et aux données
personnelles ;
Leur vision des formes de régulation de
demain, leurs attentes à propos des autorités de protection des données ;
Leurs projets et orientations dans le
champ concerné.
Ces entretiens ont donné lieu à une
synthèse qui a été publiée dans le premier numéro des Cahiers IP - Innovation
& Prospective - sous la forme d’une étude
sur les défis de la protection des données
à l’horizon 2020.
La CNIL a aussi pris une deuxième
initiative destinée à associer la communauté intellectuelle à ses réflexions, en
organisant le 30 novembre 2012 une
journée d’étude « Vie privée 2020 » dans
les locaux du Monde. Elle a ainsi souhaité
apporter son concours à la constitution
d’une communauté de recherche en
matière de protection des données, qui
réunirait des spécialistes de tous horizons.
Quatre tables rondes, symbolisant les
principaux enjeux de la protection des
données personnelles pour aujourd’hui et
pour demain, se sont succédées, avec la
participation des sociologues Dominique
Cardon, Antonio Casilli, Dominique
Boullier et Emmanuel Kessous, du
directeur de recherche de l’INRIA Daniel
Le Métayer, des avocats Olivier Iteanu
et Alain Bensoussan, des économistes
Fabrice Rochelandet et Alain Rallet, de la
philosophe du droit Antoinette Rouvroy,
de la spécialiste des sciences de gestion
Caroline Lancelot-Miltgen, du juriste
Jean Frayssinet, des acteurs du numérique Daniel Kaplan, Christine Balagué
et Philippe Lemoine, du journaliste JeanMarc Manach, ainsi que de la présidente
d’IRIS, Meryem Marzouki.
Journée d’études vie privée 2020 :
quelques réflexions clés des experts
1/ La révolution du web social
La révolution du web social permet l’apparition
d’une nouvelle forme d’expressivité, qui est ouverte à
tous. Chacun peut dorénavant exprimer sa singularité
au travers de manifestations de soi, de ses activités
conversationnelles et de ses centres d’intérêt, et ainsi
devenir une « personne publique ». L’individu peut
s’exprimer dans un espace qui n’est pas exactement
public, mais qui se situe entre le privé et le public. La
tendance à la « théâtralisation de soi » qui s’en suit
fait bouger le curseur entre vie privée et vie publique
et l’individualise : chaque individu peut déplacer ce
curseur pour ce qui le concerne. La vie privée devient
une revendication des personnes dans un mouvement
d’autonomie individuelle. Ce modèle n’en suscite pas
moins des interrogations sur la réalité de la maîtrise sur
sa vie privée et sur ses données personnelles.
Les idées exprimées reflètent les avis formulés par les experts invités par la CNIL
Par ailleurs, ce qui est dit sur les réseaux sociaux
est toujours lié à un contexte. Dès lors, la légitimité
des regards extérieurs, par opposition à ceux des
destinataires initiaux, est très incertaine. Or, on a,
jusqu’à présent, surtout mis l’accent sur la personne qui
s’expose sur les réseaux sociaux, en lui demandant d’être
consciente des risques qu’elle prend. Ne faudrait-il pas
également s’interroger sur l’attitude de celui qui regarde,
hors contexte, des éléments qui ne le concernent pas ?
2/ Sommes-nous entrés dans la dictature du
calcul des algorithmes ?
Le big data et le cloud computing banalisent les
traitements de masse et offrent, grâce à des analyses
algorithmiques toujours plus poussées, de nouvelles
modalités de valorisation des données, des profilages
de plus en plus individualisés et des analyses censées
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