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groupes terroristes. Ce service s’annonce ultraconfidentiel, ses actions
devraient rester classées secret-défense, la nature des cyberarmes et le nom
de son directeur ont été gardés secrets, ce qui pose la question du contrôle
démocratique sur l’objectif et l’éthique de la cyberattaque, les circonstances
dans lesquelles elle pourrait être utilisée et les types d’effets qui pourraient
être ou non acceptables.
La stratégie cyber évolue aussi vers une plus grande coopération
entre le Gouvernement et les entreprises privées jusqu’alors privilégiées
dans la mise en œuvre de cette politique avec le lancement d’une plateforme
numérique de partage d’informations en temps réel entre les secteurs privé
et public et la mise en place auprès du GCHQ du National Cyber Security
Centre, interface entre le Gouvernement et l’industrie qui centralise
l’ensemble des activités et des informations relatives à la cyberdéfense.
Parmi les membres du G20, la Grande-Bretagne est pionnière dans le
secteur digital qui représente 16 % de son produit intérieur, 10 % des
emplois et 24 % de ses exportations. Parmi les 50 entreprises de cyberdéfense
les plus importantes dans le monde en 2018, 7 sont britanniques comme
BAE, PwC ou KPMG. L’industrie de la cyberdéfense est traitée comme un
service voué à l’exportation et à l’expansion de l’influence du Royaume-Uni
sur la scène internationale.
2. Les États-Unis
Les États-Unis ont rendu publics en 2018 plusieurs textes comme le
White House National Cyber Strategy, l’Unclassified Summary Department of
Defense Cyber Strategy et le Department of Homeland Security (DHS) Cyber
Secrurity Strategy, qui dessinent les contours d’une nouvelle stratégie globale
plus offensive que les précédentes mise en œuvre par le United States Cyber
Command devenu officiellement un des commandements interarmées unifiés
du United States Strategic Command le 4 mai 2018.
Le White House National Cyber Strategy, premier texte à vocation
globale depuis 2011 constitue une nouvelle doctrine dont les objectifs
consistent à assurer le renforcement de la capacité américaine de dissuasion
dans le cyberespace ainsi qu’à maintenir son influence et sa prospérité. Le
document du department of defense s’appuie sur l’usage d’un nouveau
concept doctrinal « defend forward » consistant à arrêter la menace avant
qu’elle n’atteigne sa cible » en construisant une force plus létale. Avec
l’International Cyber Deterrence Initiative, les États-Unis déclarent vouloir
prendre la tête d’une coalition avec leurs alliés pour coordonner les réponses
aux cyberattaques, partager du renseignement et surtout appliquer des
sanctions.