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ou à des biens susceptibles de constituer, du point de vue de notre pays, une
menace ou un risque.
EarthCube, une start-up parisienne, a ainsi développé pour le
compte du ministère de la Défense, un logiciel à base d’intelligence
artificielle d’analyse d’images, capable d’identifier automatiquement les
éléments clés (aéronefs, dépôts de munitions, véhicules, etc.) des clichés
réalisés et de remonter des alertes en cas de détection d’activité suspicieuse
dans des zones de crise. Ce logiciel d’intelligence artificielle est fondé sur la
technique de l’apprentissage profond en partenariat avec l’ONERA et
l’INRIA.
Tirer le meilleur parti des informations collectées depuis l’espace
suppose d’investir massivement dans l’économie de la donnée, et de bâtir
un écosystème qui n’est encore qu’embryonnaire. C’est une économie
éminemment duale et, comme pour la production de satellites ou le sujet des
lanceurs, les intérêts souverains et commerciaux sont interdépendants.
Il s’agit tout à la fois de réussir à traiter les flux et d’industrialiser les
processus de traitement. Cela implique la constitution de base de données et
pose la question du stockage et de l’archivage.
Cette économie de la donnée, c’est la chaîne aval sur laquelle les
Français et plus largement les Européens sont en retard par rapport au reste
du monde. On ne peut ainsi éluder la question de l’utilisation par les GAFA
de leurs données acquises depuis l’espace. On connaît la sensibilité de
certaines d’entre elles au regard d’enjeux liés à la lutte contre le terrorisme, à
la sûreté nucléaire et à de nombreux sujets de sécurité nationale. Dans ces
conditions, et en l’absence de règles du jeu internationales, le comportement
des GAFA est un paramètre à prendre en compte pour nos services de
renseignement au vu de l’exploitation de données de souveraineté…
impossibles à protéger. Il en découle des enjeux d’éthique qui ne se poseront
évidemment pas dans les mêmes termes selon qu’on est face à des
puissances amies ou hostiles. Dans ce contexte, il est indispensable de
garantir un accès indépendant aux systèmes et aux données spatiales autour
d’une filière souveraine de la donnée spatiale, sur l’ensemble de la chaîne, de
l’amont (collecte) à l’aval (usages).
Recommandation n° 49 : Favoriser un accès indépendant aux
systèmes et aux données spatiales en développant une filière souveraine
de la donnée spatiale, sur l’ensemble de la chaîne, de l’amont (collecte) à
l’aval (usages), notamment en ce qui concerne nos capacités de stockage de
données.

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